Alice avait décidé de sortir ce soir là, et elle s’était retrouvée à déambuler dans la rue marchande qui était étonnement calme le soir. Le coin était pourtant agréable. Il faisait bon et elle se sentait assez bien.
Elle avait bien du mal à l’admettre, elle commençait à s’habituer à sa nouvelle vie dans ce lycée. Bien sur, elle était toujours aussi solitaire, mais au moins ici elle n’était pas le sujet de rumeurs aussi infondées les unes que les autres… Bien que la plupart soient tirées de faits réels, elles grossissaient à chaque fois qu’on en parlait et au final elle devenaient tellement invraisemblables qu’elle se demandait comment les gens pouvaient encore y croire. Cependant, la crédibilité des ragots n’empêchaient pas les vieilles commères de chuchoter sur son passage, ou les filles du collège de fuir à sa simple vue.

* J’aime pas ces gens. *

Non, elle ne les aimais pas. A une époque, le simple fait de les voire lui donnait des envies de meurtres. Alice n’était pourtant pas une fille aussi agressive à la base. Mais elle reconnaissait s’être calmée depuis quelques temps, sans doute grâce au fait qu’ici personne ne venait lui chercher des ennuis. Mais quand était-elle devenue « comme ça » ? Quand ces rumeurs avaient-elles commencé à circuler ? Quand toute la ville avait commencé à la fuir, à la mettre de cotes. On l’avait qualifiée de « non fréquentable » lorsqu’elle avait commencé à traîner avec cette bande, bien que leurs rapports ne soient que superficiels. Elle s’amusait bien avec eux sans pour autant leur faire confiance ou même les aimer sincèrement. Ils n’étaient qu’une sorte de divertissement pour elle, une façon de passer le temps. On lui avait donc collé cette étiquette avant de la mettre à l’écart. Apres cela, quand bien même elle aurait voulu se racheter, tous l’aurait abandonnée. Elle avait très vite compris qu’en ce monde, on ne pouvait faire confiance qu’à de très rares personnes qu’elle n’avait jamais eu la chance de connaître.
Elle fut brusquement tirée de ses sombres pensée par un choc qui, bien que peu violent, la fit reculer de quelques pas. Elle repris rapidement l’équilibre et leva des yeux remplis de colère à la personne en face d’elle.

« _ Hey ! Tu peux pas faire gaffe, non ?

Bien sur, elle était parfaitement consciente d’être en partie responsable de l’impact, trop plongée dans ses pensées pour regarder en face d’elle. Mais cela lui ferait vraiment trop mal de l’admettre à haute voix et de présenter des excuses. Elle avait donc choisis de faire porter le chapeau au jeune homme en face d’elle.

" désolé si j'vous ai foncé dedans, mais a mon avis, vous n'étiez pas plus consiente que moi que vous veniez de foncer dans quelqu'un

Il avait croisé les bras sur sa poitrine et la fixait d’un air provocateur. Pendant quelques instants, Alice était resté bouche bée, sans trop savoir quoi dire. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la rembarre de la sorte. Ou du moins, elle l'avait perdue depuis un moment déja. Dans son ancienne ville, à peine haussait-elle la voix que les gens partaient sans demander leur reste. Sans compter qu’il fallait dire qu’il n’avait pas tort. Il n'y avait pas eu la moindre animosité dans sa voix et pourtant, Alice sentait qu'il la provoquait. En un sens, cela l’amusait. Cela faisait longtemps que personne ne l’avait remise à sa place de cette manière. Très bien. Elle aussi allait jouer à ce petit jeu. Elle pris un air honteux et dit, les larmes lui montant presque aux yeux :

_ C’est vrai… tu as raison j’en ai conscience. J’étais perdue dans mes pensées te je ne faisais pas attention. Je te prie de pardonner mon attitude agressive de tout à l’heure. Je n’aurait pas du réagire comme ça. Je suis désolée.

C’est alors qu’un sourire des plus provocateur, contrastant parfaitement avec l'air penaud qu’elle affichait quelques instants plus tôt, apparut sur son visage. Curieusement, les larmes qui semblaient pourtant pretes à couler quelques secondes plus tôt avaient disparues comme par magie sans laisser aucune trace.

_ Je crois que tu aimerais BEAUCOUP que je te dise quelques chose comme ça.

Elle planta son regard mauve dans celui de son interlocuteur, attendant sa réaction avec l’impatience d’un enfant sur le point de recevoir son cadeau d’anniversaire. S’il arrivait à répondre à ça, la soirée risquait de devenir plus amusante que prevue. Un lèger sourire apparut sur ses levres.

Le jeune homme en face d’elle semblait très surpris par son brusque changement d’attitude, mais qui ne l’aurait pas été ? Alice était cependant assez satisfaite de l’effet produit et l’air qu’il avait affiché pendant quelques instants avait bien faillit la faire rire. Il hocha cependant la tête en souriant lorsque Alice fit remarquer qu’il aimerait sans doute vraiment l’entendre s’excuser. Il ne s’était pas énervé et ne l’avait pas insultée comme elle s’y était préparée. Au lieu de cela il se contenta de se résigner au fait qu’il n’obtiendrait aucune excuse, quelque soit sa forme de sa part, puis il s’était approché d’elle calmement avant de lui tapoter la tête, geste affectueux auquel Alice n’avait plus eu droit depuis son enfance.
Elle resta plantée là sans trop savoir comment réagire. Puis elle se ressaisit et un sourire mi-amical, mi-provocateur se dévoila sur son visage.

_ Hum ! T’es franc comme mec, je t’aime bien. T’as l’air sympa.

Elle enleva la main du jeune homme de sa tête, un peu gênée par cette situation elle devait le reconnaître puis se présenta :

_ Je m’appelle Alice BlackRabbit. Enchantée.

Elle n’attendait pas vraiment qu’il lui dise son prénom, après tout, ils ne parlaient que depuis quelques instants, elle lui avait crié dessus et provoqué, mais bon au moins il saurait qui était cette folle contre qui il s’était cogné. Elle lui jeta un coup d'oeuil en biais et le detailla du regard, ce qu'elle n'avait pas vraiment eu le temps de faire jusqu'à present. Ses cheveux bruns n'etaient ni vraiment longs, ni vraiment cours, une coiffure assez passe partout. Elle remarqua qu'il etait de grande taille et de ce fait, il depassait largement son petit mètre soixante à elle. S'il avait cédé à sa provocation et s'etait énervé, il n'aurait sans doutes eu aucun mal à lui faire regretter amèrement son arrogance. Mais Alice en avait connu des pire, des grands types balaises qu'elle remettait en place et qui finissaient toujours par l'envoyer à l'hopital. Pf, ceux-là alors, ils n'arrivaient même pas à s'attaquer à des personnes de leur categorie, toujours s'en prendre aux plus faibles et Alice avait cette arrogance qui les enervait tant. Elle etait donc la cible idéale. Mais ce type semblait differents d'eux, il n'avait pas l'air de lui vouloir du mal et elle s'autorisa à baisser sa garde.

Le garçon fut pris d’un léger fou rire lorsqu’elle lui dit son nom. Bon d’accord, BlackRabbit c’était pas commun comme nom de famille, mais quand même ! Une veine apparut sur la tempe d’Alice.

« Hey… Tu t’fous de ma gueule là… ?

Un coup de poing fusa en direction des cotes du jeune homme. Elle n’avait pas vraiment recherché à lui faire mal et le coup était donc très léger. Elle savait parfaitement contrôler sa force, bien qu’elle soit sure d’être loin d’être en position de force face à lui en cas d’attaque. Mais il n’avait pas cherché la bagarre et elle avait connu pire comme réaction face à son nom de famille.

_ Iwaho Tsuhube. enchanté aussi

* Et il se permet de se foutre de ma gueule… ? *

Alice eut un petit rire. Pas qu’elle veuille le provoquer inutilement, non, mais elle lui rendait ce qu’il lui avait fait. Vraiment, qu’elle gamine elle faisait. C’est alors qu’une odeur parvint à ses narines.

*Cette odeur… De la viande grillée !!!! *

Ses yeux s’illuminèrent. Oui, son seul et unique amour de jeunesse, la viande grillée. C’était sans doute sa plus grande passion. Bien sur, rares étaient les personnes qui l’avait vue dans cet état. Un grognement sourd retentit.

_ Putain j’ai faiiiiim !!!

Il fallait qu’elle trouve d’où venait cette odeur . Et vite de préférence. Elle devenait très agressive dans un état d’appétit avancée, surtout avec l’odeur de viande grillée qui était omniprésente tout autour d’eux. C’est alors qu’elle repéra un stand qui vendait de la viande grillée un peu plus loin. Apparemment, il venait d’ouvrir. Voilà qui expliquait l’odeur. Elle courut vers le vendeur et sortit son porte-monnaie.

_ Eh ! Euh… Iwaho c’est ça ? Je t’en paie ? J’ai assez pour deux.