Une plage en sucre de canne roux, une mer en cocktail bleu fluo, des nuages en barbe à papa, des cocotiers en pate d’amande… Je suis loin d’être une accro à la bouffe mais là, c’est le rêve. Quelques rochers en dragibus trônent par-ci par-là, dans la forêt de pate d’amande où s’accrochent quelques fruits acidulés, des lianes en fil à la pomme, des lucioles bariolées, coule un ruisseau de sirop de menthe, où l‘on trouve des crocodiles de toutes les couleurs en train de se prélasser. J’ai l’impression de retomber en enfance à courir de partout à la découverte de ce monde digne d’un petit paradis sucré. A force de m’enfoncer dans cette forêt hors du commun, je finis par tomber sur montagne couverte de crème chantilly. La cerise sur le gâteau: des bâtonnets de sucre d’orge un peu partout, des petites maisons en pain d’épice couverte de glaçage blanc. C’est trop mignon et vraiment alléchant. Toutes ces bonnes choses sous mes yeux deviennent une torture et il me devient impossible de ne toucher à rien. Surtout que mon estomac commence à crier famine.
Alors que je suis sur le point de croquer dans un sucre d’orge, une mélodie de guitare électrique plutôt douce vient interrompre mon entreprise. Je reconnais instantanément Paradise City des Guns ’n roses. Tu parles d’un paradis, je veux bien y rester toute ma vie! Mais… Qu’est ce qu’ils viennent faire là? Je reviens petit à petit à la réalité et comprends enfin qu’il s’agit de mon portable. Je me réveille et attrape l’appareil avec difficulté. 6h30. C’est bien ça. J’arrête la sonnerie et soupire. Je suis affalée sur mon bureau, tout est sombre autour de moi. Je me suis endormie alors que je bossais sur mon japonais. C’est du beau… Pas le temps de me rendormir que mon estomac fait un grondement affreux. C’est la tête dans le cul que je vais déjeuner avant d’aller sous la douche. Comme d’habitude j’ai droit à de l’eau froide, il faut un temps fou pour qu’elle chauffe. Au moins ça me réveille. Rituel matinal habituel: un coup de sèche cheveux, maquillage, habillage. Je pourrais partir un peu plus tard mais même si j’ai repéré le chemin jusqu’à l’université je préfère ne pas m’attarder: je suis encore capable de me pommer.
J’emprunte le métro jusqu’à arriver à proximité de l’université. Jusque là tout est normal. Il me reste 10 minutes de marche et il est encore tôt. Quoi que je dois régler quelques trucs à l’administration avant le début des cours, et ça peut prendre un peu de temps. J’aurais l’air fine à arriver en retard le premier jour, déjà que je vais sûrement avoir droit à des regards inconsidérés de la part des profs et autres élèves à cause de mon style. Et encore j’ai fait un effort: jean troué par ci par là, T-shirt noir à l’effigie des Rolling Stones et bottines à talons tous simples. Sur une tenue aussi sobre, c’est le perfecto et les accessoires qui font tout. Je ne me sens pas vraiment moi-même à vrai dire… Peut-être le stress de cette première journée qui compte aussi. En sortant de la station de métro, me voilà en pleine jungle urbaine. Je m’y retrouve un peu et n’aie pas tant de mal à retrouver le chemin. Au bout de quelques mètres je passe devant un pub qui a l’air d’accueillir quelques groupes amateurs ou étrangers qui commencent à décoller. Par pure curiosité je m’arrête pour jeter un coup d’œil. « Time of Reckless ». Sympa comme nom, ce soir à 20h30. Ce n’est pas dit que je puisse venir, tant pis. Je lève alors les yeux sur une photo du groupe et manque de faire une crise cardiaque. Le chanteur m’est beaucoup trop connu. Jason Stanley, ex chanteur du groupe dont je faisais partie quand j’étais au lycée.
*Ce mec m’a foutu en dépression m’a fait faire un séjour à l’hosto, m’a littéralement tuée pendant des mois et il revient me hanter jusqu’au Japon?!!*
Là c’est vraiment se foutre de moi. Je m’éloigne plus énervée que jamais, reprenant mon chemin vers l’université. C’est clair que je ne mettrai jamais les pieds dans ce pub ce soir, plutôt mourir. Je souhaite au passage une très mauvaise réussite à cet enfoiré de première. Voilà la raison pourquoi j’ai définitivement rayé Los Angeles de ma vie. Ce mec est responsable de beaucoup trop d’emmerdes et de souffrance. C’est malin, je suis toute retournée. Une clope s’impose.
A force de broyer du noir, je ne me rends même pas compte que j’arrive assez vite fait vers l’université. Je reconnais les immenses bâtiments, et à côté le lycée. En fait c’est plus l’uniforme des étudiants à l’entrée et dans ce dernier qui me renseigne. Au bout de 5 minutes me voilà dans l’université. L’ambiance est tout à fait différente de ce que j’ai connu à Cambridge. Ce n’est pas le même cadre, ça c’est sûr, même si au niveau réputation les deux universités se valent. Petit tour à l’administration et me voilà lâchée… en pleine jungle une fois de plus. Bon ça va que c’est facile de s’y retrouver mais bon… Mon emploie du temps dans les mains, je commence par chercher la salle que je ne mets pas trop de temps à retrouver. Maintenant reste à voir ce qui m’attend par la suite de la journée. Je m’adosse contre le mur et patiente en musique.
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Jeu 10 Mar - 17:40