Le Japon. Enfin une esquisse du monde quasi inconnu dans lequel je m’apprête à vivre pour l’année à venir, si ce n’est plus. Pour l’instant, je suis encore dans l’avion qui survole l’archipel, et je ne désire plus qu’une chose: sortir de cet appareil qui devient insupportable. Mon corps est tout engourdi et j’ai une envie monstre de fumer. Une abstinence de 13 heures, c’est énorme dans mon cas. J’ai quitté mon Angleterre natale aux environs de midi, et me voilà de bon matin au pays du soleil levant. Ce décalage me fait encore un drôle d’effet, mais pour une fois je ne me plains pas, et tente de prendre mon mal en patience. Moi qui ne suis pas de nature à aimer attendre, ça relève du miracle que je ne sois pas énervée. La musique sur les oreilles, The Pretty Reckless m’aide à ne pas péter un câble avant d’atterrir. Bientôt je vois que ça s’agite autour de moi, on doit arriver aux alentours de l’aéroport. Pas la peine de se préparer maintenant, de toute façon il va falloir attendre des plombes avant de pouvoir sortir. Je reste donc tranquillement assise.
Une fois sur les terres japonaises, l’attente interminable se poursuit. Sortir de l’avion, étant tout au fond de la classe éco autant dire que ce n’est pas gagné, passer à la douane, une fois de plus étant dans les derniers je peux continuer à désespérer dans mon coin, et enfin récupérer les bagages, avec les gens qui restent devant les tapis, je ne peux bien sûr pas accéder à mes valises. Je commence vraiment à en avoir marre mais garde mon calme, bizarrement. Normalement je ne me serais pas gênée pour bourrer un peu et récupérer mon bordel, mais le fait d’être maintenant dans une culture totalement différente me pousse à rester sage. En fait je ne sais pas comment me comporter pour ne pas choquer, déjà que tout le monde me regarde avec des yeux effarés. A croire qu’ils ne savent pas ce que c’est que le milieu du rock. Bref, une fois que tout est réglé et que j’ai bien tout ce qu’il faut avec moi, direction la sortie pour prendre un moyen de transport afin de me rendre dans la ville même. Le bus, ce n’est même pas la peine: il vient de partir sous mon nez. Ca commence bien. Repli stratégique: le taxi. Ca va me couter bonbon mais quand on n’a pas le choix. J’arrive à en trouver un sans grande difficulté, sauf que je ne parle pas très bien japonais et que, bien sûr, il a fallu que je tombe sur un chauffeur qui ne comprend pas un mot d’anglais. C’est bien ma veine. J’arrive tout de même à lui faire comprendre où je veux aller, et au bout d’une bonne demie heure me voilà en bas de l’immeuble dans lequel se trouve mon appartement. Un quartier plutôt coquet, bizarrement. Je n’ai pas trop à me plaindre.
J’entre dans le hall de l’immeuble chargée comme une mule et tombe directement sur le concierge qui discute avec un couple d‘une quarantaine d‘année à première vue. J’ai droit à des regards surpris, et je m’arrête, assez incertaine. Heureusement je n’ai pas à engager la conversation que le concierge se dirige vers moi tout sourire en me parlant. Je ne comprends pas tout, mais en gros qu’il me demande si je suis bien la nouvelle arrivante. Je réponds avec un sourire timide, et il commence à prendre un sac tout en m’indiquant comment me rendre à mon appartement. Il parle très simplement, et je me surprends à arriver à comprendre quelque chose. Ca aurait été le cas avec le chauffeur de taxi un peu plus tôt, ça aurait été tellement simple. Le concierge m’indique l’ascenseur un peu plus loin, et s’éclipse quelques minutes le temps d’aller chercher des papiers et les clefs. Je suis rassurée, il est aux petits soins et très sympathique. Il doit avoir 50 ans, un visage qui inspire confiance et bonne humeur, des cheveux grisonnants et des petits yeux rieurs. Je le trouve instantanément craquant. Finalement je ne risque peut-être pas ma peau.
Après une visite rapide des lieux, quelques signatures, la remise des clefs et une panoplie de conseils, je me retrouve seule dans mon nouvel habitat. Il n’y a absolument rien et j’espère sincèrement que le reste des affaires que j’ai fait expédier il y a déjà une semaine va vite arriver. Tout ce que j’ai avec moi n’est qu’un strict minimum… même si ça fait déjà beaucoup. J’en profite pour me refaire une petite beauté et me changer avant d’aller explorer les environs. Il faut que je me trouve de quoi me nourrir et quelques trucs comme ça. J’arrive à trouver une de ces petites épiceries ouvertes tout le temps au coin de la rue, ce qui me permet d’acheter de quoi faire pour les prochains jours. Le concierge à tout prévu m’a donné un plan de la ville. C’est clair que je vais en avoir bien besoin. Direction un jardin pas très loin où je pourrai me poser tranquille pour manger et profiter un peu de mon arrivée.
Une fois là-bas, je m’assois sur un banc au bord d’une fontaine et entame mon casse croûte. Ca change de la bouffe pas très ragoutante de l’avion, même si ce n’est pas un truc très équilibré. Ca a au moins le mérite d’être bon et de calmer mon estomac qui crie famine. J’en profite aussi pour observer un peu tout. C’est vraiment différent, même si j’avais déjà mis les pieds au Japon étant plus jeune. Cette fois je suis seule, et me retrouver entourée d’asiatiques me fait un drôle d’effet, mais je ne m’en plains pas. Dans une ville pareille je trouverai de quoi me rincer l’œil au moins. Heureusement que je suis pas mal branchée asiatique. Je regarde le plan en me demandant où est-ce que je pourrai aller faire un petit tour. Bien que ce soit écrit en japonais et anglais, je n’arrive pas du tout à m’y retrouver. Moi et l’orientation, ça fait au moins 15. Tant pis, au pire je prendrai le taxi pour rentrer. Je me lève et commence à partir dans une direction inconnue, sauf que je ne regarde pas devant moi et bouscule une personne.
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Sam 26 Fév - 23:50