Voilà bientôt 2 heures que Yun se baladait dans Konoha avec ses parents, et bizarrement tout se passait bien. Pas de remarques ou allusion désagréables par rapport au fait qu'elle se soit installée au Japon. Simplement ils parlaient de tout et de rien, ce qu'il s'était passé pendant tout ce temps où ils n'avaient plus eu de contact. Et, d'ailleurs, l'histoire de l'incendie arriva sur le tapis. Son père demanda des nouvelles de son frère, chez qui Yun vivait avant d'aller chez Yuzuji.

-Euh... Bien je suppose. Répondit-elle, soudainement mal à l'aise.
-Comment ça tu supposes? Tu n'es pas censée habiter chez lui?
-Il y a eut un incendie, du coup je me suis installée chez... un ami.

La petite chinoise se sentit alors accablée de regards suspicieux. Sur ce coup là elle n'avait pas du tout été crédible. Sa mère lui demanda alors si c'était vraiment "un simple ami". Yun sentit alors le sang lui monter aux joues. Ressemblant ainsi à une pivoine, pas étonnant que son père commence à la charrier. Elle fut bien obligée d'avouer que ce "simple ami" était en fait son petit ami. Cela fit rire son père, et cela choqua presque sa mère qui était très basée sur ses valeurs puristes. Yun était loin d'être comme elle... Ils passèrent à ce moment là devant un stand qui vendait des boissons. Yun s'arrêta et en prit une alors que sa mère lui demandait des explications.

-Il n'y a rien a expliquer, c'est comme ça. Il est la seule personne à m'avoir proposé de m'accueillir, j'allais pas refuser et passer la nuit dehors.

Sa mère allait protester mais Yun trouva l'argument imparable pour la faire taire et ne pas provoquer de dispute. "De toute façon, le jour où je vais t'annoncer que je me marie ou même, que je suis enceinte, tu ne vas pas t'en remettre." Et bim, en simple réponseelle eut droit à un soupire. Là dessus, Yun savait que son père était avec elle. Bizarrement... Peu importe d'où et de quelle classe sociale soit son petit ami, du moment qu'elle était heureuse. Allez expliquer ça à sa mère qui voudrait la marier à un fils d'avocat pire que riche et renommé. Les mariages arrangés ça existe plus mais pas chez elle.

La demoiselle allait avancé un nouvel argument mais lorsqu'elle se retourna avec sa boisson à la main, du bruit venant d'un bar un peu plus loin attira son attention, la coupant dans son élan. Visiblement, un client était en train de mettre dehors un jeune homme... qui n'était autre que Yuzuji, en colère. Deux serveurs les suivaient, essayant d'arrondir les angles. Yun les regarda avec des yeux ronds, se demandant ce qu'avait encore pu faire Yuzuji pour mettre cet homme dans une telle colère. Ce dernier poussa le jeune homme, qui trébucha et tomba sur les pavés de la rue. Instinctivement, elle se précipita vers lui et lui demanda si ça allait, tout en l'aidant à se relever.

Yun eut vite fait de comprendre pourquoi Yuzuji était mis dehors. Il n'avait pas réglé la note, parce qu'il n'avait pas de quoi. Elle le connaissait suffisamment pour deviner que toute cette histoire n'était due qu'à un malheureux oubli. Elle ne put s'empêcher de soupirer avec un léger sourire. Ca ne l'étonnait pas vraiment au fond. Elle demanda à Yuzuji de lui tenir la boisson qu'elle venait d'acheter puis s'avança vers le serveur en colère et sortit son porte-feuille.

-Combien je vous dois?
-Euh... 1.872,45 Yen. (17 euros)

La petite chinoise sortit la monnaie et la donna au serveur avant de le saluer et retourner vers Yuzuji.

- Ils sont vraiment pas sympa ici !
-Tu devrais faire plus attention, oui, je ne serais pas toujours là pour te sortir de tes pétrins.

Elle lui fit un clin d'oeil accompagné d'un sourire. Ca arrive ce genre d'incident, on n'y peut pas grand chose. Tant que ça ne se reproduit pas. Elle se tourna ensuite vers ses parents, un peu gênée, qui s'étaient approchés. Yuzuji s'inclina puis se présenta.

-Mon petit ami... Précisa Yun, les joues légèrement rosées.

Pourvu que ça se passe bien... Tels qu'elle les connaissait, la première impression était déterminante pour la suite des évènements. Autant dire que ça commençait bien, mais si il ne se passait plus rien de compromettant, alors tout irait pour le mieux. Enfin, c'est du moins ce qu'elle espérait.

[Autre précision, les chinois appellent absolument tout le monde par leur nom de famille et prénom, même au sein d'un couple, et les femmes ne prennent pas le nom de famille de leur mari.]


Les parents de Yun n'étaient pas à la tête d'une grande entreprise ayant des relations internationales pour rien. Le japonais, tout comme l'anglais, n'étaient pour eux pas un problème. Voilà bien des années qu'ils parlaient ces deux langues assez couramment. Pas de problème donc pour communiquer avec Yuzuji. Yun scrutait les réactions de ses parents, et si comme à ce qu'elle avait prédit son père restait tout naturel, sa mère elle regardait Yuzuji avec dédain. Cela eut le don d'énerver Yun qui ne put retenir un soupire en déviant le regard. Elle resta néanmoins discrète dans ce geste, alors que ses parents s'inclinaient à leur tour en signe de respect pour Yuzuji.

-Je m'appelle Wang Bai, et ma femme Tai Li. Enchantés de vous rencontrer. Annonça le père de Yun.

Que de politesse rendant les choses... distantes. Yun savait parfaitement que sa mère, aussi asociale qu'une vipère, ne décrocherait pas un mot et lui dirait tout ce qu'elle avait pu penser par téléphone. C'était d'une hypocrisie dérangeante. Une atmosphère tendue flottait, et ce fut Yuzuji qui prit la parole le premier alors qu'un blanc s'était installé.

-Alors ? Vous trouvez sa comment le Japon ? Et Konoha ?
-Très beau et sympathique.

Une fois de plus, c'était le père de Yun qui avait répondu avec un sourire, n'étant pas aussi tendu que sa femme. Yun ne pouvait d'ailleurs pas s'empêcher de jeter des regards mauvais à cette dernière. Quand les gens ne faisaient pas parti de sa classe mondaine, elle n'était pas intéressée. Yuzuji alluma une cigarette, ce qui n'était pas une très bonne idée mais Yun savait qu'il en avait besoin alors elle ne dit rien. En revanche, une fois de plus, elle ne put louper la toux qui le prit dès sa première bouffée.

-Il y a des bancs libres là-bas, allons-y.

Elle attendit que ses parents s'éloignent un peu puis elle adressa un regard inquiet à Yuzuji.

-Tu es sûr que ça va? A chaque fois que tu fumes c'est la même chose, tu devrais peut-être aller voir un médecin.

Elle était quasi certaine de la réponse, mais cela la rendait vraiment inquiète. Elle prit sa main puis se dirigea vers les bancs qu'elle avait montrés un peu plus tôt. Une fois assis, ce fut à elle de reprendre la parole, histoire qu'un silence pesant ne s'installe pas trop vite.

-Au fait, j'avais laisser ma guitare à Beijing parce que j'étais déjà trop chargée, vous pourriez me l'envoyer à votre retour?
-Je me doutais bien que tu finirais bien la réclamer. Il n'y a pas de problème, si tu nous donne une adresse.
-Ce sera fait. Et euh... J'ai un autre petit service à vous demander. Avec cette histoire d'incendie j'ai dû pomper sur mes économies pour racheter ce qu'il me fallait, du coup même avec mon salaire du moi je ne suis pas sûre d'arriver à payer entièrement les frais de l'université pour le prochain trimestre. Si jamais je pourrais vous demander une petite aide?

Question délicate.

-Tu nous avais pourtant assuré que tu n'aurais pas besoin de notre aide financière une fois ici.
-Euh... Oui, mais là...
-On peut oui, mais ce sera exceptionnel, tu le sais.
-Oui, merci.

Sur ce principe, ils avaient été clair. Elle avait intérêt à se débrouiller sinon c'était un retour clair et net en Chine. Heureusement qu'elle avait un père doté d'un peu d'empathie.

[Tout un blabla pour rien... --" Mais ça amène une nouvelle facette de la personnalité de Yun: son côté de musicienne =)]

Alors que Yun achevait sa dernière phrase, elle remarqua que Yuzuji n'appréciait guère les regards dédaigneux que lui lançait sa mère. Tout à fait compréhensible, et elle ne manquerait pas de le lui faire remarquer, sachant parfaitement qu'une fois de plus cela les mènerait à une dispute. On ne change pas quelqu'un, même avec la meilleure volonté du monde. Yun pria pour qu'il n'y ait pas de dérapage, mais Yuzuji, toujours franche, exposa son point de vue.

-Vous , madame ... je veux pas vous manquer de respect , mais arrêter de me regarder comme sa , j'ai peut êtres pas beaucoup d'argents , ou une belle maison , mais je fait touts pour rendre heureuse votre fille , je ne suis pas de votre " monde " de bourg' ! Alors arrêter !

Aïe... Yun échangea un regard catastrophé avec son père, ils savaient tous deux que pour le coup, il serait quasi impossible de faire remonter Yuzuji dans son estime. Ce dernier se leva et s'éloigna, alors que la mère de Yun affichait un air offensé. Il fallait s'y attendre. Le portable de mon père sonna et il s'éloigna à son tour pour répondre.

-Comment ose-t-il ?! S'exclama-t-elle à l'adresse de Yun en chinois.
-Il a toujours été comme ça... Et puis il a raison, c'est un être humain comme les autres même si il n'est pas de ton rang.
-Ne commence pas! Tu sais parfaitement ce que je...
-Vous vous disputerez plus tard, on doit rentrer à l'hôtel il y a un problème.
-Très bien.
-Comment ça très bien?!
-Wang Yun!

Elle soupira, puis ils se saluèrent avant que ses parents ne partent. Toute penaude, elle revint vers Yuzuji la tête basse.

-Désolée si ma mère euh... Elle a toujours été comme ça même si elle sait que je déteste cette manière de dénigrer les gens... Comme pas mal de monde d'ailleurs...

Elle se sentait vraiment mal que cela ait tourner de la sorte. Elle en voulait à sa mère, et la trouvait une fois de plus égoïste. La preuve, elle s'excusait à sa place. C'était tellement hypocrite...

Yuzuji expliqua à la petite chinoise un peu de son passé, ce qui faisait qu'il était comme ça maintenant. Ses grands-parents s'étaient toujours occupés de lui, tout simplement parce que ses parents qui auraient dû avoir ce rôle n'éprouvaient aucun amour envers lui et avaient été tués alors qu'il n'avait que 10 ans. Vu leurs professions, il était probable que ce drame arrive. S'il ne s'étaient jamais vraiment intéressé à leur fils, normal donc que ce dernier n'éprouve rien à leur mort. Néanmoins, même recueilli par ses grands-parents, cela avait dû être très dur pour lui de traverser cette épreuve. D'autant plus que plus tard s'était ajouté son entrée dans ce lycée... pas très conforme si l'on peut dire. Un passé des plus durs, oui, et Yun le comprenait mieux à présent. Sur ses derniers mots, sa voix se brisa et il fondit en larmes. Le coeur serré, la demoiselle le prit dans ses bras et murmura quelques mots sûrement inutiles, car les années avaient passé.

-Je suis désolée...

Yun détestait voir les gens pleurer, mais encore plus quand il s'agissait d'un homme. Elle qui était si compatissante, elle avait la larme facile. D'autant plus qu'il s'agissait de son petit ami... Elle ravala ses pleurs et resta ainsi pendant un petit moment à réconforter Yuzuji. A côté, sa vie était en or. C'était écœurant cette espèce d'inégalité. Lorsque le jeune homme alla mieux, Yun essuya ses yeux et l'embrassa tendrement.

-Viens, on rentre.

Elle passa un bras dans son dos et lui sourit, alors qu'ils prenaient le chemin de leur demeure.


[SUJET TERMINE]