Cela fait bien des années que je n'ai pas marqué mes pensées sur du papier, mais là, s'en est trop. Je n'ai pas les garçons pour vider mon sac, ils me manquent franchement ces quatre nigots, ce n'est franchement pas la même ambiance que lorsque j'allais au collège avec eux.
Bref j'écrivais pour dire quoi déjà...? Ah oui, raconter une histoire que je n'ai pas vraiment conté à qui que ce soit en excluant le psychologue, même ma mère n'est pas au courant. Tu vois petit papier, tu en as de la chance ou plutôt la malchance...
Une phase de ma vie qui restera sûrement gravé à jamais dans mon esprit, une expérience qui m'a traumatisé et dont je ne me remet toujours pas. Rien que d'y repenser, j'en ai les larmes aux yeux et les mains qui tremblent.
Kazuo était encore en vie à cette époque, en fait c'était son dernier jour parmi nous. Ce matin-là, il avait un sourire des plus radieux, je m'en souviens encore, je lui avait posé des tas de questions parce que je ne le trouvais pas normal, plutôt étrange dans ses faits et gestes. Il m'a simplement répondu d'un air enjoué:

« Je vais être enfin heureux à la fin de la journée »

Je lui avais demandé pourquoi mais il a haussé les épaules pour toute réponse. Je n'avais pas cherché à insisté, j'évitais les conflits avec mon frère depuis que j'avais atterrie à l'hôpital quelques années plus tôt et j'avais surtout peur de me recevoir des coups.... Je continuais à prendre mon petit déjeuner en présence de ma mère et mon frère. Nous ressemblions à une famille normale, soudée et qui s'aimait, il y avait parfois quelques mots, des attentions qui faisaient que cela se ressentait malgré le vécu que l'on avait eu, un père et mari extrêmement violent.
Après avoir mangé à midi, j'étais partit dans ma chambre pour m'entrainer à faire de la guitare, Kazuo avait pénétré dans la chambre comme à son habitude pour m'écouter jouer, cela faisait six ans que j'en jouais et je me débrouillais assez bien. Il lança sur le ton de la rigolade:

« Tu parais toute petite à côté de ta guitare, déjà que tu n'es pas bien grande »
« Je suis petite mais un jour je te prouverais que je suis plus dangereuse que toi armé d'un pistolet à eau »

Il avait encore haussé les épaules en souriant puis était venu m'embrasser sur la tête pour me dire par la suite.

« Je sors, au revoir »
« A ce soir! »
« Hum... »

J'étais et resterais toujours naïve, je n'avais pas fait attention à cet au revoir alors qu'à l'habitude il disait toujours « à ce soir ». Quand on a à peine douze ans, on assimile pas tout ces détails, surtout lorsqu'on pense que toutes les personnes auquel, nous tenons le plus resteront toujours avec nous. J'avais tort...
Mon frère ne revenant pas, ma mère commençait à s'inquiéter et m'envoya le chercher. Elle me faisait confiance et connaissait assez bien Kazuo pour savoir qu'il zonait dans le quartier où ils habitaient.

« Mariko, vas donc chercher ton frère s'il te plaît, en attendant je vais préparer le souper »
« Oui, Maman »

J'étais donc partit le chercher, j'étais à pied et la nuit se faisait peu à peu présente. J'avais cherché un peu partout, puis je ne sais plus d'où j'avais sortie ça, mais je m'étais souvenu qu'une fois, Kazuo m'avait amené dans une gare désaffectée . Je me suis donc rendu là-bas pensant le trouver.
C'est en entrant dans la gare que je me suis retrouvée face au corps pendu de mon frère sans vie, c'était effrayant, j'étais tombé assise au sol sous le choc en criant, les yeux écarquillés. Je n'avais aucune larmes, jm'en souviens. Je revois nettement ces images, Kazuo avait la tête penché sur le côté, ses membres étaient mous et sûrement lourds, ses cheveux noir recouvrant un peu son visage, les yeux fermés.
Ce jour-là, j'étais rentré en courant à la maison, j'étais tellement habituée à cacher mes émotions que je n'eus pas de mal à cacher mon choc face à ma mère, jlui dis simplement et rapidement.

« Je l'ai pas trouvé »

Premier réflexe qu'elle avait eu été de téléphoner à la police et d'attendre. Je ne savais pas pourquoi j'avais menti à ma mère, je ne savais pas pourquoi je ne pleurais pas et encore moins pourquoi j'arrivais aussi facilement à cacher mon état...
On avait retrouvé Kazuo, le lendemain matin. Ma mère était entrée dans ma chambre, je n'avais pas dormi de la nuit voyant et revoyant ces images à chaque fois que je fermais les yeux. Je voyais clairement que ma mère retenait ses larmes, elle me serra fort contre elle en m'annonçant la mort de mon frère tout en pleurant. Si je me souviens bien, c'est à l'enterrement lorsque le corps était exposé quelques jours plus tard que je me suis rendu compte qu'il n'était plus là, pendant ce temps je n'avais pas arrêté de le chercher dans la maison. D'ailleurs, le jour de cet enterrement, je m'étais jeté sur le corps froid de mon frère pour pleurer à chaude larmes. Je venais de réaliser que j'avais perdu l'une des personnes que j'aimais le plus et mon monde s'était donc écroulé face à ça...
Ma petite bulle avait éclaté à partir de ce moment, je me suis dit tout en enfilant la gourmette du défunt à mon poignet, que: s'attacher à des gens ne servaient à rien si c'était pour souffrir autant...

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