Un mouvement, un rythme, un battement de cœur. Un son étouffé par un casque audio judicieusement posé sur les oreilles. Un moment unique, un refuge éternel. Plus rien ne comptait si ce n'est la frappe incessante des baguettes de bois. Gardant le rythme avec ardeur, il s'imaginait sur une scène, où plus rien ne lui importait si ce n'était le son de la foule. En arrière de la scène, où il serait invisible, il continuerait à jouer et à maintenir l'harmonie nécessaire à chaque note, oui, le rythme c'est lui qui le détenait et tout se jouait sur lui. Mais son rêve ne dura pas bien longtemps, ouvrant les yeux face à la salle de musique vide. Il se contentait de jouer pour son propre plaisir et en solitaire. Les seuls moments de partages musicaux qu'il avait résidait avec son père, et quelque fois avec sa mère. Bien entendu, son frère venait souvent le voir jouer lorsqu'il s'enfermait dans le studio, mais le véritable échange n'était pas là. Il rêvait de pouvoir un jour jouer avec quelqu'un, entendre une autre mélodie suivre la sienne, au rythme tambourinant de sa batterie. Étant trop renfermé sur lui-même pour oser demander ou proposer, l'occasion ne s'était encore jamais présentée. Alors il continuait à jouer, à tenter différents mouvements, à taper là où ses bras le menait. Il savait jouer d'autres instruments, mais il ne serait dire pourquoi, la batterie restait son instrument de prédilection. Morne de jouer tout seul d'un instrument fait pour accompagner d'autres et sonnant plutôt creux en solitaire. Soupirant à cette pensée, il s'arrêta quelques instants et bu quelques gorgées dans sa bouteille d'eau. Il retira par la suite son casque, appuyant sur le côté pour éteindre la musique qui en sortait. Cinq minutes passèrent sans qu'il ne bouge de son siège, songeant à diverses choses passant dans son esprit succinctement. Malheureusement, il n'arrivait jamais à songer à de choses positives, son esprit vagabondant la plus part du temps aux souvenirs passés. Réfléchir ou songer devenait pour lui un calvaire.

S'épongeant légèrement le front, il s'enquit à relever les manches de la chemise de son uniforme. Prenant également soin de caché par ses mèches de cheveux le code barre se trouvant derrière sa nuque. C'est ça, le gouvernement ne le voyait que comme un nuisible, un simple numéro parmi tant d'autres, et dans les premiers sur la liste des personnes indésirables au bon fonctionnement. Après tout, depuis l'arrivé de ces étrangetés sur le Japon, l'économie n'était plus florissante et le tourisme encore moins. Le gouvernement les haïssaient, et lui aussi. Il se haïssait. Il détestait tout ce qu'il était, ce qu'il représentait. Comme il enviait sa sœur, d'être considéré comme supérieure. Non pas tant le sentiment de supériorité qu'il enviait, mais plutôt celui de la normalité. Oui, la normalité. Comme il enviait ce sentiment de quiétude... Cette insouciance dans une cage dorée. Soupirant une nouvelle fois, il se dirigea vers les enceintes et s'enquit à les allumer et d'y brancher son Casque-MP3 (Stereo Heart - Gym Class Heroe). La transe lui reprit alors, il se rassit sur le tabouret en face de l'instrument. Reprenant son droit de possession sur les baguettes de bois, il se remit à taper, sans réflexion. Juste à taper, à taper à en perdre toute notion du temps, à en perdre l'once de raison qui restait encore éveillée en lui. Le rythme restait relativement lent sur cette chanson mais chaque rythme retentissait en lui comme une enjambée vers la libération. L'on pouvait même constater qu'il suivait les paroles et la mélodie, à ses lèvres frémissantes. Un ensemble, une unité... Il ne faisait plus qu'un avec sa musique, elle le faisait vibrer, il la faisait vivre. Et le son, au rythme de ses mouvements, continuait de s'exprimer. Aucune limite, juste lui et les frappes régulières.

Il s'arrêta à nouveau pour quelques instants afin de s'hydrater une nouvelle fois, l'exercice le séchant quelque peu. Ce ne fut qu'après quelques gorgées seulement, qu'il se rendit compte qu'en réalité il n'était pas seul. Ne s'attendant pas à une telle apparition, il s'étouffa avec la gorgée d'eau qu'il venait tout juste d'avaler et lorsqu'il fut calmé de sa toux, il essuya le contour de sa bouche, humide.

- Hmpf... Pardon, je n'avais pas vu qu'il y avait quelqu'un d'autre... Je euh...

Ah ça oui, il ne savait que dire. Il s'enquit juste à fixer la nouvelle arrivante dans les lieux, une expression légèrement gênée collée sur son visage. Une jeune fille se tenait face à lui, avec une longue chevelure châtain et des yeux... Oui, il bloqua sur les yeux. Sa mère lui avait pourtant affirmé qu'il n'y avait que les Uchiwa pour porter des yeux couleurs Rouge Sang. Mais il fallait croire qu'elle avait tord sur toute la ligne. C'est malin ! Maintenant son attention resté figée sur les pupilles de son interlocutrices... Il enviait cette couleur, il l'aurait largement préféré en héritage que le bleu des yeux de son père. Mais là n'était pas la question, bien évidemment.

Bleu, vert, jaune, rose, il y a tant de couleur dans la vie, alors pourquoi est-ce que je m'en tiens toujours au noir et rouge ? Peut-être bien que c'est simplement parce que ça va bien avec mes yeux. Un soupiré venais de s'échapper de mes entrailles alors que je chercher désespérément une tenue convenable à me mettre. Le rentré c'est bien passer et aujourd'hui, je ne commence pas les cours avant 14 h, j'ai choisi de me lever tôt pour explorer les recoins de cette nouvelle école. Mais avant de vouloir quitter ma chambre il faut que je m'habille. Ma chambre oui, cette chambre si claire, si blanche, si...tellement pas moi. J'ai recouvert les murs de photos de piano et de poster des jeux olympiques, j'aime tellement la musique et le sport que des fois je m'imagine faire du piano en courant...et c'est dans ces moments que j'ai du mal à comprendre pourquoi je pense à des choses aussi improbable. Mais bon, je ne vais pas m'attarder sur des idées stupides, je suis toujours à la recherche de la tenue qui me fera changer. Eh bien, je pense que je vais faire comme tous les jours, le hasard va venir à mon secourt. Je me bandais les yeux et m'approcher de ce qu'il me semblait être mon armoire, malheureusement je heurté le lit et plongea en avant voulant me rattraper, j°empoignais un vêtement devant moi...à ben la voilà cette armoire...et VLAN ! je finis ma course dans un fracas dans mon panier de linge. Quelle honte, heureusement qu'il n'y avait personne avec moi dans la chambre à ce moments. Je retirais le bandeau de mes yeux et me relevais pour voir s'il y avait des dégâts. Mais rien n'a été cassé, ouf, en tournant ma tête pour voir ce que j'avais pris dans mes mains, je vis une robe rose et blanche...non mais quelle horreur je ne vais pas mettre ça ! Je revêtis comme d'habitude ma tenue noir et rouge, finalement le naturel ya vraiment rien de mieux.
Après avoir fini de m'habiller et de préparer mon sac de l'après-midi je me mis en route pour l'exploration matinale. Matinal, oui car je me suis levée tôt pour découvrir le plus d'endroit possible. Je fermais donc la porte derrière moi et descendis les escaliers pour rejoindre le hall. Arrivée en bas je me lancer dans un couloir au hasard...j'aime jouer avec le hasard...à la recherche d'une nouvelle salle. Je pris à droite, puis à gauche et encore à gauche, une porte je la passe je tourne et au bout de 15 min de marche, je me rendis que je venais de me perdre, décidément ce n'est pas ma journée aujourd'hui. Quand soudain, un son mélodieux me parvint aux oreilles, moi qui aime tellement la musique je me laissai transporter et rejoins la salle où cette douce musique retentissait. En poussant la porte je vis, un jeune homme, non un beau jeune homme aux cheveux noirs était en train de jouer de la batterie. Je restais là, à le contempler tout en écoutant le fracas des baguettes de bois sur les caisses. Il s’arrêta un instant pour boire, c'est quand il m'aperçut qui s'étouffait avec l'eau qu'il venait d'engloutir. Il essuya le contour de ses lèvres et me regardant tout en disant:

- Hmpf... Pardon, je n'avais pas vu qu'il y avait quelqu'un d'autre... Je euh...

Je n'osais lui répondre, car le garçon me fixait comme si j'avais fait quelque chose de mal, gêner je détournais mon regard et lui répondit avec une voix une peu tremblante.

- Je...je...excusez-moi je ne voulais pas...je ne voulais pas vous déranger, pardon. Je faisais juste le tour de l'école et...et j'ai entendu de la musique. Je suis vraiment désolé, je m'en vais.

Il fixe mes yeux, ça doit être sa, je l'effraye comme j'effraye toujours les gens, décidément je n'aime pas cette couleur.

Pour sûr, il l'avait gênée. Se mordant la joue intérieur, prit par quelques remords, il se rendit compte qu'il la fixait déjà depuis quelques minutes. Et cela sûrement pas avec une tête des plus chaleureuses. Son expression était pourtant comme à l'accoutume ; morbide, placide et détachée de tout. A tel point que l'on lui posait souvent la question de savoir si son esprit était bien sur terre et non pas ailleurs. Il ne prenait jamais un malin intérêt à ignorer les gens, non, il n'en voyait juste pas l'intérêt et cela personne ne le comprenait. Secouant la tête comme pour mettre à jour une nouvelle émotion sur son visage, il tordit ses lèves sur le côté, comme pour montrer qu'il était désolé. Toujours sans dire un mot, il s'épongea à nouveau le visage tout en prenant soin de se lever avec soin. Malheureusement pour lui, le siège qu'il déplaça fit un bruit monstre qui lui fit grincer les dents. Il fixa à nouveau la jeune fille qui venait d'arriver, se dirigeant jusqu'à elle. A cette heure, beaucoup étaient en cours normalement, il ne comprenait pas sa présence, étant donné que jamais personne hormis lui n'était encore venu à ces horaires-ci.

- Ce n'est rien. Cette salle est à tout le monde après tout. C'est juste que de voir quelqu'un ici à cette heure-ci m'a quelque peu... Surpris.

Haussant les épaules, il prit place assise sur le rebord de la scène, non loin de la jeune inconnue. Alors qu'il s'en voulait de l'avoir gêné, il ne put s'empêcher de contempler à nouveaux ses yeux. Cette couleur chaude qu'il désirait tant avoir, contrastant avec son attitude froide et le bleu de ses pupilles. Malheureusement, seules ses petites sœurs eurent le privilèges de les avoirs dans sa famille proche. Baguettes toujours en main, elles lui firent repenser à l'élément pour l'instant essentiel à son existence : la musique. Pourquoi était-elle là ? Jouait-elle d'un instrument ? Faisait-elle partie du club de musique ? Que représentez la musique pour elle ? Beaucoup de questions lui virent dans ce même genre. Seulement, trop réservé, il ne lui demandera sûrement jamais. Ou peut-être plus tard. Il n'en savait rien et s'en fichait quelque peu en fait. Advienne ce qu'il adviendra et le destin choisira à sa place. Il est plus aisé de penser ainsi et de se laisser guider par le destin qui décidera de tout à notre place. Un lâche, il fuyait. Toutes ces relations prédéfinies, ces bonjours par simple obligation... Et pourtant, il restait quelqu'un de poli. Mais il n'aimait pas faire les choses quand elles ne viennent pas du cœur, et pourtant, toujours il le fait. Fuyant les relations trop sérieuses, les premières traces d'une quelconque attache. Non, il n'en voulait pas. Il était bien mieux seul, et bien mieux servit par lui-même. Néanmoins, cette fille suscitait un certain intérêt en lui. C'est la première fois qu'il voyait une fille s'intéresser quelque peu à la musique, et qui ne soit pas de sa famille. Il se mit même à penser que si elle savait jouer d'un instrument, ils pourraient s'exercer à quelques compos. Oui, c'est ça. Il voulait des amis même s'il prétendait le contraire, mais des amis qui fassent parti du même monde que lui. Celui du rythme et des mélodies. Celui faisant vibrer le corps et l'esprit.

- Hm, tu fais parti du club de musique ? Ou juste de passage?

Après tout, seuls les membres du club avaient accès à la salle et à tous les instruments ici présents. Mais il avait laissé ouvert, la question restait alors en suspend et emplit dans sa curiosité musicale maladive. D'un geste s'assimilant presque à un réflexe, il fit tourner l'une des baguettes entre ses doigts, aimant ce contact et cette relation flexible et stable avec son instrument, les baguettes en étant l'extension.