A drop in the sea [Pv Takagi Yakumo]

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Doux réveil au son des douleurs diverses qui somment mon corps de bouger. Il me faut quelque secondes pour retrouver mes esprits et découvrir avec une certaine surprise que je suis étalée sur le tapis bien moelleux du salon. Je quitte rapidement des yeux le drapeau anglais sous mes membres en me redressant pour survoler la pièce d'un regard flou. La lumière du jour baigne gaiement la pièce d'une lumière blanche aveuglante pour mes yeux fatigués. Petit à petit ces derniers s'habituent à cette clarté et m'apportent la première désillusion de la journée. Des cadavres de bouteilles jonchent nonchalamment sur le sol, la table basse supportant encore le cendrier en verre rempli de mégots et de cendres, certains ayant échoués à côté. Je soupire, exaspérée par le théâtre de mon propre comportement de jeune femme au bord de la dépression. Une fois de plus j'ai cru noyer mes démons dans l'alcool afin de pouvoir enfin dormir tranquille. En vain, ce simple coup de feu et ce cadavre baignant dans une mare de sang ne cessent de me hanter. Foutue désinvolture.

Malgré un bon mal de crâne je file sous la douche en titubant. Je m'arrête de façon très peu contrôlée devant le miroir de la salle de bain. En T-shirt et sous-vêtements, comme d'habitude. En revanche, les traces opaques de maquillage cerclant mes yeux vides, courant sur mes joues témoignent d'une énième soirée à me morfondre sur mon sort. Suis-je vraiment condamnée à devenir une alcoolique pleurant sur ses actes tous les soirs devant une bouteille de Jack Daniels et un paquet de Lucky Strike? Préférant oublier ce mal qui me ronge un peu plus chaque jour, j'enlève tout ce noir superflu sur ma peau avant de retirer mes vêtements et de me glisser sous l'eau chaude. Ce quotidien assommant de routine me pèse plus que jamais. Ma vie elle-même me parait n'être devenue qu'une errance sans but. Le visage fatigué qui se dessine chaque jour dans mon reflet continue de nourrir un peu plus la même interrogation. Qui suis-je après être devenue une meurtrière? J'ai l'impression que tout s'est écroulé avec le corps de cet homme. C'est d'ailleurs le cas. Ces pensées me ramènent toujours au même point, et une fois de plus je m’énerve moi-même.

-Bordel j'ai que 21 ans et je suis déjà une ratée. Je marmonne en me frottant la tête avec une serviette tout en sortant de la salle de bain, propre et changée.

La vue de mon appartement complètement négligé apporte un nouveau coup de massue. Je ferais mieux d'aller voir un psy puisque que je ne peux pas appliquer mes enseignements de psychologie sur moi-même, ou plutôt que je ne m'y tiens pas. Dans un regain d’énervement, ma part "fée du logis" entre en action et me voilà à tout nettoyer de fond comble pendant un long moment. Au moins ça m'occupe pour ce week-end qui s'annonce être un vrai casse-tête à remplir.

Un peu plus de 14h30, et me revoilà à tourner en rond dans mon appartement. Très mauvais signe, il vaut mieux que je sorte. J'enfile des vêtements potables pour sortir, beaucoup plus normaux que mes tenues rock habituelles, arrange mes cheveux puis quitte l'immeuble bien calme pour une fois. Mais que faire? C'est alors que je croise une mère accompagné de son fils, en pleine discussion sur un possible tour du côté de la fête foraine de Konoha. Bonne idée tiens. Je n'y suis jamais allée. C'est pas super toute seule mais bon, au moins je serai assez loin de chez moi.

Théâtre de bonne humeur, de cris et autres bruits en tout genre, me voilà marchant dans l'une des allées bordées d'attractions et stands de la fête foraine. Ca fait vraiment longtemps que je n'ai pas été dans un endroit comme celui-ci, mais ce n'est pas désagréable. Ca me remonte un peu le moral et j'ai l'impression de passer inaperçu pour une fois. J'en ai bien besoin en ce moment. Trop occupée par tout ce qui m'entoure, je ne remarque même pas que j'approche d'un stand de tire à la carabine. Ce sont les coups de feu qui m'interpellent et me pousse à passer mon chemin en vitesse. Cela ne me rappelle que trop bien mon geste qui est à l'origine de mon désarroi. Ne prêtant pas vraiment attention à mon point de chute, j'atterris devant la file d'attente de la grande roue. Il n'y a pas beaucoup de monde, et, obnubilée par le fait de m'assurer de ne pus entendre ces foutues carabines, je me retrouve poussée vers l'attraction.

-Mademoiselle bonjour! Tenez montez avec ce jeune homme!
-Hein?

Pas le temps de percuter quoi que ce soit, je me retrouve dans l'une des petites cabines, assise face au jeune homme en question. Plus jeune, environ 18 ans. Japonais aux yeux clairs comme on en voit rarement. La situation est assez gênante et je ne sais pas vraiment s'il faut engager la conversation. Une petite clope tiens, ça détend toujours.

-Ca te dérange si je fume?

Mon assurance mal placée qui revient doucement? Quel bonheur ce serait. J'attends la réponse de mon interlocuteur, le paquet dans une main.

Invité

Dans l'obscurité de ma chambre, la couleur rougeâtre des chiffres lumineux du réveil à quartz qui indiquait minuit, éclairait toute la pièce. Incapable de trouver le sommeil, je me tourne et je me retourne dans mon lit, dont les couvertures volaient à cause de mon agitation. Quelques minutes plus tard, je réussi à me rendormir. Quand je me suis réveillé une nouvelle fois, j'étais enfin gonflé à bloc ! Énergique, et vivace. D'habitude, je mets trois quarts d'heure à émerger du lit, tout en étant vraiment fatigué. De même, il ne vaut mieux pas me voir quand je me traîne dans la cuisine. On aurait dit un mort-vivant coiffé avec une bombe ! Je me levais de mon lit, ouvrit par habitude les volets manuellement.

Ce matin-là, par contre, je sautai gaiement sur le parquet, me précipitai dans la salle de bains, puis dans la cuisine en hurlant des " Bonjour Grand-Frères ! ". Ils ne me répondaient pas, mais souriaient, cela voulait tout dire. En regardant le soleil brillé, je fit tous les autres gestes quotidiens que je n'avais pas encore fait. Les oiseaux gazouillaient près des géraniums du balcon. La radio chantonnait une jolie chanson en sourdine. Les garçons sirotaient leur café en feuilletant un magazine. Pour une journée annoncé pluvieuse et froide, il faisait beau, même magnifique. Grâce à la rosée du matin, les fleurs s'épanouissaient, et devenaient de plus en plus belle. Mon visage pouvait s'adoucir grâce à celle-ci, on pouvais même y trouvé un petit sourire. Simplement habillé d'un slim noir et d'une veste, munie d'un parapluie au cas où s'il ce m'étais à pleuvoir.

Pendant mon chemin vers la ville, j'étais tombé sur une affiche, qui était encore humide par ce temps d'automne. Une affiche rose fushia, elle indiquait que la fête foraine était par là. Ça faisait longtemps que je n'y avais pas été. Depuis que Hiroshi ne vit plus à la maison, depuis au moins trois ans, maintenant. C'était vraiment l'occasion d'y refaire un tour, il y avait tellement de souvenir à retrouver. Je ne pouvais plus faire un pas sans me revoir en train d'essayer tous les stands. En avançant petit à petit dans la fête Foraine, j'étais tombé nez à nez avec mon attraction préféré, celle où on avait beaucoup plus le temps de l'apprécier. J'entrais dans cette cabine étroite, j'avais l'impression qu'elle était beaucoup plus grande dans mes souvenirs, peut-être parce que mon gabarit était plus petit. Tout en étant dans mes pensées, une femme entra dans cette cabine. Une jolie blonde aux yeux bleus était en face de moi. Elle commença à engager la conversation, en demandant, si elle pouvait fumer.

" Ça ne me dérange pas. Précisais-je en souriant.
Puis-je demander à la jolie fille devant moi, comment s'appelle-t-elle ? "

Invité

Bien installée dans la cabine de la grande roue qui s'élève doucement dans les airs, une nouvelle vue de la ville et es environs s'offre à moi, ainsi qu'au jeune homme assis à mon opposé par la même occasion. Mon sac posé sur les genoux, pas très à l'aise de me retrouver avec cet inconnu, je me contente de regarder aux alentours l'air de rien. Mais ça ne me ressemble pas d'éprouver un tel sentiment. Il ne manquerait plus que je devienne agoraphobe. Quittant l'horizon des yeux, je me ressaisis à la recherche de mon sang-froid habituel. Pour le retrouver, une petite Lucky ne me fera pas de mal. La voix de ma bonne conscience en berne ces derniers-temps me chuchote déjà que je fume beaucoup trop. Elle est cependant vite contrée par mon esprit du moment, je ne suis plus à ça près. Saisissant le paquet détenteur du poison tant désiré, je m'enquis du confort de mon accompagnant. C'est avec un sourire qu'il me répond que ça ne le dérange pas. Parfait!

-Puis-je demander à la jolie fille devant moi, comment s'appelle-t-elle ?

Que d'artifices pour une si simple question qui me fait tout de même sourire. J'allume d'abord ma cigarette, profitant d'une première bouffée revigorante.

-Samantha. Mais tu peux m'appeler Sam. Et toi, c'est quoi ton petit nom?

Le retour du bon vieux temps. J'en regretterais presque mon perfecto et mes multiples chaînes délaissés dans un coin de ma chambre. Un regain d'arrogance me submerge, regonflant un peu mon moral et ma fierté trop mal placée. Qu'est ce que ça m'avait manqué. Pourvu que ça dure. La cabine continue son ascension, délaissant les béton des immeubles pour leur cime. Terre et mer se découvrent petit à petit, offrant un panorama absolument magnifique. Plus bas, la foule se pressant vers les différentes attractions de la fête foraine n'est plus qu'une masse uniforme de petits points de différentes couleurs. Je continue d'observer toutes ces nouveautés tout en tirant sur ma cigarette régulièrement, me disant qu'il est quand même dommage de ne pas profiter de cette vue un plus longtemps. Jamais je n'aurais dû souhaiter une telle chose, voilà que nous nous arrêtons au sommet de la roue. Peut-être pour quelques secondes, comme jusqu'à maintenant. Mais non, ça semble durer.

-Le coup de la panne, classique. J'espère que t'as pas le vertige.

Je jette un coup d’œil vers la base de la roue. Ca a l'air d'être un peu la panique. Bah tiens, il ne manquait plus que ça. Je soupire et me réinstalle confortablement, priant pour ne pas y passer la nuit.

Invité

J'étais confortablement assis, sur le siège rouge de la petite cabine de la grande roue. En compagnie d'une femme qui semblait un peu plus âgé que moi. Celle-ci était plus petite que moi, et semblait occidentale. De longs et lisses cheveux platine qui tombaient sur ses épaules, qui faisaient ressortir ses petits yeux azur entre ses mèches dégradés. Enfin mon regard quittait la demoiselle pour se dirigé vers le ciel découvert. Une légère fumée de cigarette commença à apparaître. Sa propriétaire se présenta comme étant Samantha. Mais elle préférait qu'on l'appelle Sam. Je me présentais aussi, tant que Yakumo. Tant mieux, vu que moi le prénom c'est pas mon fort. J'ai vraiment une mémoire de poisson rouge. Je mis mon coude sur le rebord de la fenêtre de cette petite cabine en plongeant mon regard dans le vide, comme par mon habitude. Mon corps était toujours présent, mais mon âme était toujours en vadrouille, ou en "flânerie" comme dit tous les grand-pères. Ma main tenait ma tête, qui devenait de plus en plus lourde, à cause de mon cerveau qui se posait trop de question. J'en avais presque oublié ma très chère Sam. La roue qui tournait encore et encore, jusqu'au moment où elle s'arrêta plus longtemps que les autres fois, ce n'était pas vraiment normal. Comme par hasard quand nous étions tous en haut de cette attraction. Celle qui me flanquait me disait qu'elle espérait que je n'avait pas l'acrophobie. Et non, je n'ai pas peur du vide, même au contraire, je serai plus le genre de personne à sauter d'un pont, attacher bien sur, pour avoir le plus de sensation. Je lui répondis avec gentillesse:

"Non, Je n'ai pas peur du Vide.. Lui répondais-je. Et toi ?
Enfin, j'espère qu'on ne va pas rester longtemps ici. "

Invité

Le jeune homme se présente sous le nom de Yakumo. Jamais entendu, j'en apprends vraiment tous les jours dans ce pays. C'est un peu pour ça que je suis venue en même temps. Bref, j'essaie de ne pas trop le gêner avec mes caprices d'accro au tabac en cantonnant au maximum la fumée vers l’extérieur. Bien qu'il m'ait assuré que ça ne le dérangeait pas, je préfère me montrer un minimum respectueuse, sachant que ce n'est pas toujours agréable pour l'entourage. Les présentations faites, chacun se laisse émouvoir par le paysage, sans un mot. Enfin, c'est d'assez courte durée puisqu'une fois perchés au point culminant de la grande roue, voilà que celle-ci s'arrête pour une durée prolongée. Fait étrange qui n'est pas vraiment pour me rassurer. Je demande avec un ton nonchalant à mon interlocuteur s'il n'a pas le vertige, et heureusement pour lui ce n'est pas le cas. Mais lorsqu'il me retourne la question les choses semblent se compliquer légèrement. N'étant pas vraiment sûre, je jette un coup d’œil au dehors histoire de prendre conscience de la hauteur qui sépare la cabine du sol. L'effet est immédiat, je suis prise d'un léger vertige qui me pousse à quitter des yeux ce trop plein de vide.

-Euh... Ouais, un peu quand même, je réponds avec une grimace.

Quoique après avoir tué un yakuza je ne crains plus grand chose. A part le vide relatif à la mort? C'est pas le moment de faire de la psychologie. Freud sortez de ce corps ! Je me mets alors à rêvassez en attendant de pouvoir retrouver la terre ferme. Je ne sais pas vraiment pourquoi, je me mets alors à faire une transposition de la situation actuelle dans le drama "Rescue". J'imagine les super rangers en uniforme orange nous sortir de cette maudite grande roue en hélico. Non vraiment, ça me surprend moi-même d'en arriver à un tel point de bassesse d'esprit. Mon côté otaku me rattrape, ça ne me ressemble pas. Mon regard se pose alors sur Yakumo. Il m'intrigue ce jeunot avec ses yeux étranges. Un bleu un rouge... C'est très peu courant. Un effet donné par des lentilles? Peut-être bien. Ah ces jeunes ils ne svent plus quoi inventer. Quoi que je n'ai rien à dire à ce niveau là...

-Dis, excuse-moi si je suis indiscrète mais... Tu les sors d'où cet oeil rouge? Ca m'intrigue, je demande avec un sourire.

Tant qu'à rester coincés à se tourner les pouces, autant faire connaissance. A croire que les bonnes initiatives sont du moment, la roue repart doucement, faisant décliner la cabine vers le sol. Chaque nouvel arrêt se solde par un suspense insoutenable, mais nous atteignons tout de même la base de la roue. En descendant, l'homme qui s'occupe de l'attraction s'excuse mille fois des désagréments causés. Je me contente de lui assurer que ce n'est rien, bien que je n'en pense pas un mot. D'ordinaire je serais du genre à l'incendier, mais il n'en est rien. A croire que je suis dans un bon jour, que le monde en profite c'est tellement rare !

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