Histoire :

Normalité

Depuis toute petite, Mizuiro ne cessait de mémoriser et d'analyser toutes les choses qui l'entouraient. Que ce soit les taches minimes sur le mur de la salle à manger, ou encore le pourquoi du comment... C'était sa passion. Les connaissances qu'elle acquérait au fil du temps la rendaient de moins en moins bavarde, et ses parents durent se poser des questions. Ils la firent consulter une psychologue à l'âge de 6 ans, mais sans succès. La seule information qu'on avait pût lui retirer était le fait que celle-ci possédait une curiosité incomparable. Ses parents s'inquiétaient pour elle, mais elle ne semblait guère sans soucier. C'est comme si d'une part, elle était absente, mais qu'au fond, elle retenait absolument tout ce qui se passait dans son entourage. Elle savait bien que ses parents l'aimaient, mais elle préférait se concentrer sur autre chose étant plus jeune.

Deux ans plus tard, alors que le temps passait, la famille Hasu avait déjà fait place à un nouveau membre de la famille : La petite soeur de Mizuiro. De ce fait, elle sût tout de suite que ses parents allaient la préférer. C'était pourtant évident non? Elle était normale. Mais au fait, à partir de quels critères peut-on juger sur ce qui est normal ou non? Pourquoi la normalité existe-t-elle en ce bas monde, chose inutile autant qu'abstraite? Bref, sa plus jeune soeur reçût infiniment d'attention de la part de ses parents, et Mizuiro fût sans cesse délaissé par la cause de son ''anormalité''. Au fil des jours, il devenait évident que celle-ci finirait par aller à l'école. Elle qui avait raté deux années scolaires, ses parents désiraient lui offrir des études à la maison, pour ne pas qu'elle effraie les autres enfants de l'école. Il devint évident que Mizuiro ne désirait pas aller dans une école publique, puisqu'elle n'était même pas considérée comme étant normale aux yeux de ses parents. Qu'est-ce que ce serait aux yeux de ses camarades? Toute une année elle resta cloîtrée à la maison, ses parents s'occupant de sa petite soeur et Mizuiro s'occupant d'elle-même. Ses passe-temps favoris étaient divers, mais elle avait une passion accrue pour le dessin et les livres. Ce qu'elle préférait, c'était se remémorer chaque scène avec tact et précision. Également après quelques années, celle-ci se découvrit une passion étrange pour les peluches, le genre de trucs qui sont considérés comme ''enfantins'' après un certain âge. Elle ne s'en souciait guère, mais alors qu'elle avait 8 ans, sa chambre était remplie de peluches roses et jaunes, et de toutes sortes de livres. Plus le temps passait, et plus la jeune fille restait seule, enfermée dans son petit monde à elle, celui dans lequel elle commençait à peine à se plaire, alors qu'un jour...

Un jour, lors d'une réunion familiale tout à fait banale pour les vacances de Noël, un des oncles de Mizuiro adressa la parole à ses parents.

''J'ai entendu parler d'une école où vous pourriez l'inscrire. Elle est très réputée, et je pense que ce serait ce qu'il y a de mieux pour... ce genre de cas. ça ne lui procurerait que du bien!''

Après maintes réflexions, ce fût donc décidé : La jeune Mizuiro Hasu entrerait à l'école de Konoha dès la semaine suivante.



Un élément crucial changea littéralement le cours de ma vie : un garçon. Plutôt cliché comme histoire pas vrai? Pourtant, ce garçon était plutôt spécial, comparé à tout ce que l'on avait pût voir dans les contes de fées ou les histoires d'amour bien pathétiques. Dès le premier regard, le premier instant où je l'eusse aperçût, j'ai sût qu'il y avait quelque chose qui m'intéressait chez lui. Sans pour autant lui adresser la parole, jamais je n'eus l'occasion de lui parler, et jamais je n'en posséda le courage non plus. Je me rendit rapidement compte que celui-ci faisait parti d'une famille renommée , et je voulais sans cesse progresser pour arriver au même niveau que lui. Cet être que j'admirais tant. Mes efforts furent pourtant vains. Ce garçon était décidément trop haut placé pour elle, et Mizuiro préféra abandonner cette idée. Pourquoi vouloir le regarder d'égal à égal? Vouloir dépasser la personne qui m'inspirait n'aiderais pas. J'avais beau faire des efforts, de toutes façons ce garçon serait toujours plus doué que moi. Jamais je n'osai lui adresser la parole, car je préférais l'observer plutôt que de mettre en pratique. Surtout, faire confiance à ses sentiments, écouter son coeur? Et puis quoi encore...Je resterais sans cesse dans l'ombre de cet étudiant, c'était son idée de départ, et ma vocation.

Après un an, ma vocation n'avait toujours pas changée. Je suivais ma routine habituelle et revenais de la bibliothèque les bras chargés d'une pile de livres. Des romans d'aventures, des manuels informatifs, des romans fantastiques par dessus-tout... Enfin, cette journée là, je ne me serait pas attendue à ce que ma vocation change aussi subitement. Au tournant d'un couloir j'eus percuté quelqu'un que je n'avais pas eu le temps d'entrevoir entre ma pile de livres. Me retrouvant par terre, tentant de ramasser tous les livres que j'avais échappé, je m'empressa de m'excuser rapidement.

-Oh je...je suis désolée... quelle idiote je fais...

J'écarquilla les yeux rapidement, cessant de bouger, tellement j'étais étonnée. Ébahie, mes mouvements s'arrêtèrent et mon regard fixait la personne qui se tenait en face de moi. Quelqu'un aux cheveux foncés, un regard presque tout sauf omniprésent, une silhouette particulière et acrroupie par terre, m'aidait à ramasser les livres que je venais de malencontreusement échapper.

-Shi... Shino...

J'étais rouge comme une pivoine, tremblotante et hésitante sur chacun de mes mouvements. Je le remercia d'un hochement de tête très rapide pour m'avoir aidé, puis je le vit qui se relevait, continuant son chemin à travers le couloir. Moi, j'étais encore accroupie par terre et resserrais tous mes livres contre moi. Le regard dans le vide, s'il y avait eût quelqu'un qui aurait passé par là, on aurait dit de moi que j'étais sous choc nerveux. D'un mouvement vif je me releva aussi, puis détournai mon regard vers Shino Aburame qui se trouvait déjà loin derrière moi. Sans dire un mot de plus, j'entamai le chemin en direction de chez moi pour y déposer les livres et les ouvrages que je venais d'emprunter. Longtemps mon regard resta vide et pensif, et longtemps mon visage fût recouvert d'une rougeur incomparable. Je restais sans voix, sans expression, perdue dans mes pensées, ne cessant de se repasser la scène dans mon esprit pour la mémoriser à coup sûr. Ce moment-là, il ne devait pas disparaître de ma conscience, il était bien trop important... Il devait rester présent dans ma mémoire à long terme, voire très long terme...