- Mademoiselle, vous êtes arrivée… Mademoiselle ? Mademoiselle, réveille-vous !

J’ouvris doucement les yeux sous l’épaisse voix du conducteur. Sans plus attendre, je fourrais ma main dans ma poche à la recherche d’un billet que je tendis aussitôt au taximan avant de sortir de la voiture.
Je l’entendais s’éloigner alors que moi j’étais là, sur le trottoir, toute seule. Qu’est ce que j’allais faire maintenant ? Je baillais en tenant fermement mes affaires. Combien de temps avais-je dormis ? Je touchais mon visage de ma main libre, j’étais certaine d’être affreuse. Mais je m’en foutais, après tout, je ne serais bientôt plus de ce monde. Mes jambes m’entrainèrent vers l’avant, mais mon cœur n’y était pas. Fur et à mesure que je me reconnectais à la réalité après ses heures de sommeil, je retrouvais l’effroyable véritée.
Qu’est ce qu’il m’avait prit de fuguer ? Je n’ai même pas laissé de mot… Non, j’ai eu raison, de toute façon il était inconcevable que je reste à la maison… Je ne veux pas finir ma vie ainsi ! Est-ce que toute mon existence n’est qu’un rêve ? Ou bien un canular ? Même si je l’espérais, ce ne serait que trop demander.
J’avais chaud, et mes affaires devenaient de plus en plus lourde… Par où est le lycée ? Je veux apprendre, tout ! Et maintenant ! Mais j’en étais pour le moment incapable.
En tapotant mon ventre, je me souvenais de l’enveloppe marron que ma mère m’avait donné avant que je ne m’enfui. Je la sortais d’en dessous mon T-shirt, mais n’osait pas l’ouvrir. Elle gardait la réalité que je ne voulais pas croire. Sans réfléchir je la pliais en deux et la fourrait dans mon recueil de poésie que je remis dans ma poche.
Je ne m’en étais pas rendu compte de suite mais mon visage était bordé de larmes dégoulinantes. Etais-je assez forte pour gérer tout ce que je venais d’apprendre ? Non, il ne fallait plus que j’y pense, ce n’était pas possible !

Je balançais ma main en arrière pour vérifier que ma guitare et mon violon étaient bien là. Eux, ne me mentiront jamais. Ils étaient ma seule amie et mon seul amour. Je respirais un bon coup et me forçait à sourire en me répétant en boucle « Tu es Sakuya, tu vas devenir musicienne, ils ce sont trompé, tu ne vas pas mourir ! ». Finalement, ma volonté reprit le dessus.
Après avoir séché mes larmes je regardais avec curiosité les bâtiments. Alors c’était ça la ville ? J’entendais quelques commerçants ce crêper le chignon entre eux, et ne pus m’empêcher de sourire. Les voitures klaxonnaient à n’en plus compter, et les passants chahutaient comme pas possible. De toute ma vie, les seuls bruits que j’avais pu entendre, c’était les jurons que me portait mon père. Ici, c’était bien plus agréable. Finalement j’avais bien fait de partir.
Malgré l’ambiance environnante, je voulais voir de la verdure. J’étais fatiguée et mes jambes devenaient de plus en plus lourdes.
Plus loin, j’apercevais l’entré d’un parc, et sans réfléchir, je m’y engageais.

La bonne humeur que dégageait le lieu me fit chaud au cœur… Mais il me rendait meurtri… Ce bonheur que je n’avais jamais effleuré, et que j’enviais tellement, j’étais quasiment certaine qu'il m'était impossible de le connaître.
Ma démarche, que je voulais légère et rythmé par des balancements à droite et à gauche, faisait rire les gosses qui me croisaient. J’étais certaine qu’au moins, par mon allure un peu décalée, ce monde se souviendrait de moi.

Un jeune homme que je croisais, semblait refléter ma tristesse intérieure. J’attardais mon regard sur ses yeux chagrinés, et par réflexe j’enfouissais ma main dans ma poche quand… Je me rendis compte que mon recueil n’y était plus. Quoi ? Comment j’avais pu perdre mon seul calment ? Ma seule chance de vivre ?
Je me retournais aussitôt et l’aperçus un peu plus loin à terre avec grand soulagement. Sauf que le jeune homme en noir que j’avais croisé toute à l’heure s’apprêtait à marcher dessus.
J’enlevais mes instruments de musique de mon dos, posait mon sac et accouru au secours de mon livre. Je voyais le pied de l’inconnue se rapprocher de plus en plus de la couverture déjà bien abîmé d’usure. Je n’avais pas d’autre choix que de plonger pour l’éviter d’être écrasé.
Heureusement, j’avais retiré juste à temps mon livre –ma vie- avant qu’il ne soit écrasé, sauf que ma main y passa. La douleur ne fut que furtive, mais mes doigts étaient rouge. Je m’asseyais par terre en vérifiant l’état de mon livre avec un soupir de soulagement.
En levant les yeux vers l’inconnue au regard triste, je ne pus m’empêcher d’être touché par son état. Au point d'en rester muette.

Je n’arrivais pas à le quitter des yeux. Il était étrange et fascinant à la fois. Le soleil de midi, bien trop important, m’éblouissait la vue et me faisait fermer paupières. Le temps d’une fraction de seconde, il s’était mis en position pour m’aider à me relever. Je n’avais plus mal, mais j’étais incapable de le repousser. Bien que mon corps semblait sveltes et fragile, je m’en serais sentit capable.

- Je suis vraiment désolé, je ne faisais pas attention, je vous prie de m'excuser.

Je tournais la tête pour le voir mieux, mais il ne tarda pas à fermer ses yeux. Ses cheveux blanc, son teint pâle, et ses prunelles rubis me firent aussitôt penser à un albinos. Mais je n’en avais jamais vu de ma vie… Je n’avais donc aucune référence. En fermant ses yeux, j’avais l’impression qu’il se fermait aussi. Qu’avait-il à cacher ? Je restais un moment à regarder son visage inexpressif.
Il aurait pu me faire peur, mais je ne tremblais pas. Maintenant, ma seul peur était de penser au futur, sinon, plus rien ne pouvait m’arrêter. De toute façon je savais où j’allais finir. Mais même si je ne le craignais pas, rien en lui n’aurait pu me faire fuir. Ni sa carrure, ni son apparence. Il est vrai que ses vêtements noirs porteraient à croire qu’il était ténébreux, mais j’étais certaine que c’était sa façon de faire fuir les gens.
Ma façon à moi de m’habiller est entièrement calculée pour que les gens me regardent. J’avais choisis le style Punk seulement parce qu’il me ressemblait le plus. Mais j’aime tout autant varier les vêtements de façon à ce que cette mode n’appartienne qu’à moi. Peu être que de la même façon que je voulais me montrer, lui, voulait se cacher.

Après réflexion, je me demandais si au contraire, c’était moi qui aurais pu lui faire peur. S’il se voulait discret, je serais la dernière personne vers qui il aurait voulu se heurter. Bien que je sois tape à l’œil, je n’étais pas moins réservée. Je regardais sa main sous la mienne. Il paraissait froid, mais elle était chaude. Je relevais la tête et lui souris timidement, en espérant qu’il ré-ouvre les yeux.

- Ca ne sert à rien de s’excuser deux fois, regarde, je n’ai rien.

Je bougeais mes doigts encore écarlates. En fait, j’étais moi aussi soulagée. Non pas que j’eu peur que mes ongles soit cassé, car comme on peu vite le voir, ils ne sont guère entretenus, mais parce que si l’un de mes doigts s’étaient cassés, j’aurais été dans l’obligation d’arrêter de jouer de la musique…. Mon unique chance de rester moi-même et de ne pas devenir folle dans un moment pareil.
Je me relevais avec son aide, et ne pu m’empêcher de m’attarder sur ce pourquoi j’avais risqué mes mains. Je m’empressais de l’ouvrir pour vérifier que l’enveloppe marron y était encore. Finalement je m’étais piégé moi-même… Cette lettre qui contenait les documents médicaux nécessaire à ma survie, m’étaient cher. J’avais là, la réponse qui me rongeait depuis des heures. J’avais envie de vivre !
De nouveau, un mal-être m’envahit. J’avais mal à la tête et une boule de stress s’était installé au fond de ma gorge. Je pris une grande respiration à m’en faire des vertiges, et souris à l’inconnue.

- C’est moi qui m’excuse de vous avoir dérangé.

J’attrapais ma guitare et mon violon que je hissais une nouvelle fois sur mon dos et soulevais mon sac. Mes muscles fatigués me faisaient mal et j’étais dans l’impossibilité de faire un pas. Je le lâchais en me jurant de faire du sport un peu plus souvent. Dans l’incapacité de bouger, je regardais de nouveau l’inconnue avec un air un peu gêné.

- Je m’appelle Sakuya… Et toi ?

L’approche directe et complètement débile qui ne mérite même pas d’avoir une réponse. Mais que dire d’autre ? Je jouais machinalement avec les coutures de mon T-shirt. Moi et les rapports humain, ça fait deux. Ayant grandit complètement coupé du monde, avec pour seuls interlocuteurs une mère qui me fuyait et un père violent, complètement dégouté par mon existence, j’essayais de me dire que c’était « normale » de réagir ainsi. J’espère que Dieu sait au moins tout les efforts que je fais pour être comme les autres…

- Noctis... je pense que c'est latin. Mes parents sont morts avant d'avoir pu m'expliquer les origines de ce prénom. Surtout, ne t'excuse pas de m'avoir fait penser à mes parents, je m'en suis remit.

Il s’ouvrait un peu à moi, me laissant l’espace d’une seconde, entrevoir son âme. Même si je me sentais mal, j’étais intéressé’ par son histoire. Alors il était orphelin ? Je n’étais pas aussi certaine que lui sur le fait qu’il s’en soit remis… Peu être à cause de son regard mélancolique… J’aurais voulu répondre que je ne me serais de toute façon pas excusé, puisque je n’avais rien à me reprocher, mais je trouvais que ses propos auraient été déplacés.
Pour la première fois depuis notre rencontre il me regarda dans les yeux. Je devinais par sa timidité qu’il n’avait pas non plus l’habitude des rapports sociaux… Mais je m’en fichais, je préférais admirer ses prunelles en lui souriant.

- Je ne m’excuserais pas alors…

Je plissais les yeux en pensant avoir mal vu, mais j’étais certaine de ce que j’avais devant moi. Ses pupilles qui étaient d’un rouge sanguinaire, avaient viré au bleu océan. Avant que n’eu posé la question, il détourna le regard. Je ne pus m’empêcher de rougir à mon tour…

La migraine ne passait toujours pas, et je devinais que mon teint devenait de plus en plus blafard. J’espérais que ce soit de l’hypoglycémie, mais ça aurait été trop beau. Si je continuais ainsi, j’irais à l’hôpital plus vite que prévue…J’étais dans l’incapacité de réfléchir, fallait que je trouve quelque chose avant de perdre connaissance.
Ce cursus, je le connaissais pas cœur… Depuis deux moi, ça devenait de plus en plus fréquent. Et à chaque fois, la même douleur, les mêmes sautes d’humeurs… Ma tête semblait exploser, si j’ouvrais la bouche maintenant, plus rien ne serait possible, la douleur prendrait le dessus sur mon corps. Là, je me souvenais de la veille… Dans se moment où plus rien à par la souffrance et la peur n’existait, je ne cherchais pas à dissimuler quoi que ce soit et fouillait dans mes poches. De nouveau, j’en sortis mon recueil de poésie puis l’enveloppe marron. Je posais le livre entre Noctis et moi et sortit de l’enveloppe tout les papiers qui y était.
En regardant les mots, mon nom et les dattes qui signifiaient tellement pour moi, je ne cessais de me dire « Si tu pleure, t’es qu’une lâche ». Ma respiration devenait de plus en plus irrégulières, et enfin je trouvais ce que je cherchais : une ordonnance. Les mots se mélangeaient et je ne comprenais rien. J’essayais de me remémorer les derniers mots que ma mère m’avait adressés… « Prend ça trois fois par jour » Je me rappelais alors comment était la boite de médicaments… Mais où je l’avais mise, c’était une autre histoire. Après avoir balancé le paquet sur mon lit, je l’avais fourré dans mon sac. Oui ! Voilà !
Je tournais brusquement la tête vers mes affaires, mais un trou noir envahit soudain le centre de ma vue. J’étais tétanisée, les larmes allaient déborder. « T’es qu’une lâche ! » Non, je n’en étais pas une ! Je cherchais le bras de Noctis à tâtons et l’attrapait si brusquement qu’il en fut étonné. Est-ce que je devais lui demander ? Ce n’était pas le moment de faire la difficile. J’avais la gorge serrée et mes mains tremblaient. J’étais encore concentré pour ne pas pleurer. J’avais été idiote de partir aussi brusquement, je ne suis pas encore assez forte.

- Noctis, s’il te plait, j’ai besoin de toi…

Est-ce que j’arriverais à finir ma phrase ? Chaque mots étaient une lute contre les larmes, et j’étais tellement effrayé que ma voie tremblait. Il n'était qu'un inconue, mais avais-je un autre choix ?

- Il y a une boite blanche et bleu dans la poche avant de mon sac... J'en ai vraiment besoin...

Je le lâchais, préférant prendre ma tête dans mes mains.