Chaleur et humidité. Lorsque je me réveil ce matin, je sens que quelqu'un vient de coller son corps humide contre mon dos. Je sens que, tout comme un chat, cette personne griffe lentement mon dos. Pas violemment, du moins, pas autant que la veille. Je soupir. C'est flou. Mon crâne va exploser, je sens mes tempes me bruler. Je ne sais pas trop comment réagir. Comme paralyser par la peur du puceau. Sauf que je ne le suis plus depuis un sacré bout de temps. La fatigue engourdi mes membres et je ne sais pas trop ce que je peux faire. Me tourner, lentement, au risque de déloger la chienne ? Déloger celle qui imprègne encore de ses cris de jouissances de la veille ma chambre ? De son parfum enivrant et légèrement musqué, à la manière d'un homme, mes draps encore trempé de sueur. Combien de temps ? Quand qui et comment...je ne sais plus trop. C'est si flou. Comme si on venait de jeter un voile de mystère sur ma mémoire. Pourtant, entre deux gémissements de la donzelles, son souffle fiévreux contre ma nuque, des flashs me reviennent. Mes doigts en elle, sur elle, ma langue, ce goût sucré et exotique. Son accent diablement sexy quand elle me criait de continuer. Je passe une main sur mon visage. Je me tourne avec la lenteur d'un cadavre, tentant de ne pas la réveiller. Au risque, peut-être, de déclencher encore une fois cette même et ténébreuse excitation qui l'avait faite devenir tantôt tigresse, tantôt chienne. Soumise, insoumise, dans mes bras, sous mon corps et parfois, là, à me chevaucher comme personne encore. Son visage alors se dévoile à moi ainsi que le reste de sa nudité. Une poitrine ronde et douce, ferme, voluptueuse. Choquant sur ce corps paraissant si fragile. Sa taille de guêpe, la rondeur de ses hanches. Sa chevelure bleutée qui retombe en cascade sur le matelas, sur mon oreiller, mèche ressemblant alors à des ailes de corbeau. Je capture quelques mèches entre mes doigts fins, je les porte a mes lèvres. Vient ensuite le moment ou je sens des mouvements, une main qui capture mon vit déjà dressé. Elle n'a pas cillé, n'a pas même ouvert les yeux. Je ne sais pas trop comment je dois réagir. Je me laisse finalement entrainer pour une nouvelle cession de passion. Elle me masturbe, dans un semblant de sommeil. Sa main de pianiste parcourt ma hampe avec l'agilité due à son rang. Je frissonne, frémit, retiens mes râles de plaisir. Cela l'agace, elle ouvre les yeux, des yeux verts. Profond. Je me perd à sa contemplation, un mot croché au bord des lèvres. Il ne veut pas sortir, il veut rester dans la chaleur buccal. Mais elle vient le déloger de là, du bout des lèvres, puis, un nouveau regard, plein de défi. Elle roule, me chevauche et gémit. Notre danse endiablée finit par me faire jouir en elle, un peu sur elle, tandis que mes doigts parcours son bouton de plaisir. J'aime me réveiller ainsi, avec les cri d'une femme pour seul réveil. Elle se cambre, rejette sa tête en arrière. Je récolte cette cyprine, je la soulève, afin de poser ma bouche sur son intimité et pourquoi pas, me nourrir de ce qu'elle m'offre. Elle rit, me frappe doucement. Elle resserre les cuisses. J'étouffe doucement, en souriant, dans la roseur de ses chaires. Elle se retire et m'enlace.
Une fois la demoiselle partie, je me retrouve seul. Son prénom, je ne le connais pas plus qu'elle ne connais le mien. Une rencontre au hasard, mais le destin veux que je garde ses traits et ses tatouages encré au plus profond de ma mémoire. Sa beauté m’éblouis encore tandis que ma carcasse de rocker dépassé se traine sous le jet brulant de la douche. Revigorante...douloureusement revigorante. Je ne sais pas trop ce que je vais faire de ma journée. Ma boutique est fermée aujourd'hui de toute manière et je n'ai pas de travail en retard. Je n'en ai jamais d'ailleurs. Simplement parce que je ne supporte pas de laisser trainer les choses. Je me lave, lentement, puis, au fur et à mesure, plus vigoureusement. Le jasmin d'abord, puis, chassé par le musc, ils imprègnent ma salle de bain qui ressemble étrangement à un vestiaire de sport. Normal, dans cette usine désaffectée. La mousse et des restes de sperme se trouveront bien vite avalé par les égouts. Puis, quelques bribes de mon être, de la peau, des cheveux, quelques poils pubiens. Et ce ne sera pas seulement les miens cette fois, qui feront la traversée. Je me demande ou tous ces rebuts d'Être Humain termine leur vie. Mais pas envie de réellement réfléchir, je termine ma toilette et sort, nu comme un vers. J'adore la sensation de plénitude lorsque, seul chez moi, je me permet de rester, tout attribut dehors. Je marche tranquillement, parcourant les quelques mètres me séparant de ma cuisine. Je me sors un verre et du lait que je bois d'abord d'une traite, le second par contre, je le savoure. Lentement, le laissant émoustiller mes papilles gustatives. Petit déjeuner bien frugal. Je lave le verre, range le lait, lui dit à tout à l'heure et reviens sur mes pas, montant les marches jusqu'à ma chambre. Je soupir en passant devant ma glace. Suçon, reste de morsure et griffures parsèment mon corps. Mon dragon aussi...il a morflé. tatouage d'un passé peu luxuriant qui pourtant me manque un peu. Je sors un débardeur blanc, un boxer noir et enfile mon fameux sarouel noir. Je prend un sweat. Docks aux pieds, je sors. Je ne prend pas la peine de fermer à clé, je ne le fais jamais. Un jour je vais me faire cambrioler et je l'aurai bien profond.
Dehors, la pluie bas l'air. Des multitudes de gouttes kamikazes viennent s'écraser sur moi, en moi, par terre. Je n'ai pas de parapluie. De toute manière à quoi bon, je les perds tous. J'enfile la capuche de mon sweat noir et marche de ce même pas tranquille en direction de la ville. Je n'ai pas à faire beaucoup de marche pour m'y rendre. Juste quelques pas. Je passe près du bar à Ben' mais je ne m'attarde pas. Je repasserai plus tard. Et puis je ne veux pas avoir à affronter leur question sur la jeune femme de la veille. Ils sont pire, Kyle et Ben', que des mères poules. Ou alors devrais-je carèment utiliser le terme de femme jalouse. Je soupir et m'étire. Je vais au combini du quartier, prend le métro. Je ne sais pas vraiment ou je vais, mais je sais juste que j'y vais. Et c'est tout ce qui compte. Un petit voyage vers le nulle part que certains trouvent si effrayant. C'est alors que je sors que je vois, dans une rue, un sac. J'arque un sourcil. Un sac. Abandonné. Une bombe ? Oh grand Dieu. Impossible. Pas ici, pas au Japon...si ? Je m'approche, doucement, avant de me rendre compte qu'il a morflé. C'est comme si quelqu'un l'avait perdu en route, comme s'il n'avait eu d'autre choix que de le balancer. Car je ne pense pas qu'on voulait réellement le jeter. Il parait neuf et puis. Il y a des livres à l'intérieur. Neuf eux aussi. Ils ont encore cette odeur qu'on les choses neuves. Je farfouille un peu. Sac typique d'un japonais moyen. Probablement un étudiant sans problème...enfin...maintenant il devait en avoir. Sans son sac. Il y a même son porte monnaie. Je l'ouvre. Quoi...ha non pas pour lui prendre des tunes.
-Kaname...Tanaka...mmmm
Bon samaritain, je décide de le retrouver. C'est con hein ? Le Japon c'est grand. Je reviens sur mes pas. Kaname. J'imprègne dans ma tête son image. Je lis qu'il étudie à Konoha. Voilà qui restreindra mes recherches. Merde. Il est quelle heure ? Tard. enfin...il commence à être tard. J'ai du rester plus longtemps que je ne le pensais au lit avec elle. Je prend le métro dans l'autre sens. Je reviens dans les wagons bondés, je soupir. Le sac négligemment posé sur mon épaule. Je ne fais pas attention au fait que cela jure atrocement avec mon look de bad boy. Piercings partout. Tattoos. Les gens me dévisagent. Soupir de consternement. Quoi ? Je suis un ovni ? Ominidité vulgaire non identifié ? Je vous emmerde. Je sors à mon arrêt et repasse devant ma boutique, le bar à Ben et...un type. Je reviens lentement en arrière, clope au bec. Je l'ai allumée en marchant. De ce même pas tranquille qui fait souvent de moi un être lent. Je m'arrête à hauteur de la ruelle. Je plisse les yeux. Ouep. Me suis pas trompé. Il y a un type là. je m'avance lentement, les mains dans les poches. Je crois que plus nonchalant, on peu pas. Merde. On dirait un chaton effrayé. Sa gueule me...
-Tanaka...Kaname.
De ma voix grosse et cassée. Je l'ai reconnu à ses yeux verts et sa bouille de jaune pas tout à fait jaune. Je m'accroupis vers lui en le voyant se casser la gueule. Enfin...le cul. Je suis là accroupi, les coudes sur les genoux, les mains ballant dans le vide entre lui et moi. Son sac me glisse de l'épaule et tombe sur le sol encore trempe. Il roille comme pas permis.
-Hey guy. Is it okey ?
T'es con Jed. Il est terrifié, tuméfié et toi...tu lui parle en anglais. Avec ta gueule, à tous les coups il va se faire dessus. Merde. Se serait méga gênant pour moi sérieux...

Effrayé et perdu. Paumé serait plus juste, mais bien plus méchant. Il avait l'air d'un chat errant. Comme ceux que je trouvais souvent, affamé, aux alentours du ranch familial. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais une envie étrange de le protéger. Peut-être parce qu'il avait les mêmes yeux que feu mon chat tigré ? kaname Tanaka. Je n'ai pas lu d'autres choses sur sa carte. Je voulais juste savoir qui était le propriétaire du sac. Je dût sortir de ma torpeur et de ma contemplation curieuse, lorsqu'il ouvrit les lèvres pour parler en japonais. Nouvelle claque. Cela m'arrivait souvent ces derniers temps. Que l'on me rappelle avec violence que je ne suis plus dans le Texas, mais bel et bien au Japon. Qu'ici, les gens parlent japonais. Il faut que j'arrête avec mon anglais. en plus j'ai un accent a coupé au couteau. Un accent bien cow boy si tu vois ce que je veux dire. Son remerciement, je lui répond par un haussement d'épaule du genre "Y a pas d'quoi, n'importe qui se serait inquiéter" enfin...mensonge ? Ouais. Il y avait de nombreux passant près de la ruelle dans laquelle j'étais accroupi et personne n'avait l'air de se soucier de lui. Pourtant, il n'avait pas les airs d'un clochard. Avec sa gueule d'ange, moi, je m'en poserais des questions. Que fais un étudiant bien propret, bien japonais, dans une ruelle froide, sous la pluie. D'ailleurs...la pluie. Je l'avais presque oubliée celle-là. Elle s'était calmée doucement, laissant uniquement deux trois gouttes s'écraser de temps à autres.

-Ouep. Clair que c'est pas l'mien...

Je laissai cette phrase, dite en japonais, en suspens. Il suffisait de me voir pour comprendre que j'étais trop vieux pour être étudiant. Avec mon bouc et ma gueule d'ex taulard drogué. Et puis il y avait aussi cette voix cassée. J'avais eu une voix grave et chaude il fut un temps...mais ce temps est aussi dépassé que la tektonik. Si on peu considérer cette "danse" comme ayant réellement exister tant elle est absurde. Enfin. Je chope le sac et me lève, lui tendant la main, afin de l'aider à se relever.

-Kaname Tanaka

J'avais redis son prénom. C'était débile et inutile, mais je sais pas. J'aime bien ce nom. Un peu comme on aime dire certains mots en particulier. Je suis sur que cela vous est déjà arrivé de dire des choses justes parce que cela sonne bien.

-Désolé si je t'ai fait peur...

Je haussai un sourcil. Une interrogation dans les yeux. Car je n'étais pas sur de l'effet que je lui avait fait, mais apparemment, il ne m'avait pas simplement vu comme le sauveur de ces dames. Je l'avais sentit à sa manière d'amener ses deux petites phrases, à la manière qu'il avait eu, peut-être sans s'en rendre compte, de se recroqueviller un peu. J'avais le don de sentir ce que les gens pensaient ou ressentaient. C'était comme ça. Je ne sais pas d’où ou encore de qui cela venait, mais c'était clairement un sixième sens qui s’était avéré utile dans bon nombre de circonstance. Pouvoir savoir à l'avance ce que l''autre envisage de faire est toujours une bonne chose.

-Hey. T'es sur que tu vas bien ? T'es super pâle quand même...

Mes sourcils avaient pris l'air important de celui qui sent, de celui qui s'inquiète, alors que je ne le connaissais même pas. J'avais cette manie aussi de m'inquiéter des autres. Combien de fois Benni m'avait dit d'apprendre à s'occuper de moi et ma santé avant celles des autres. D'autant plus que souvent, ils étaient de parfaits inconnus ! Et puis j'étais quand même le seul abruti de ce pays, probablement, à traverser toute une ville pour retrouver le propriétaire d'un sac. J'ai dus être limier ou encore Sherlock en personne pour avoir ce genre de lubie. Je saisit le sac et le passai à mon épaule, tirant le jeune Kaname par le bras.

-Je ne sais pas ce qui t'es arrivé, mais j'sens que t'as faim. Je connais un bar pas loin. T'en es ?

Pour ceux ayant l'impression que mon langage est chatié, que je parle façon "jeune" pour me donner des airs d'ado que je ne suis plus vraiment, je souligne que c'est juste parce que je peine avec le japonais. Je l'ai appris sur le tas, en prison qui plus est. Alors ne m'en demandez pas trop, d'autant que je parle anglais et français en plus et parfaitement. Ou presque, pour ce qui est du français. Sans véritablement attendre de réponse de Kana' je l'entrainai dans la rue menant a ma boutique, mais ne m'arrêtai pas, jusqu'à atteindre les marches qui descendaient dans le bar à Ben'. Je me tournai longuement vers le nippon, un demi sourire aux lèvres. Un sourire à la Jed.

-Écoute. Ben' fait les meilleurs Eufes {Œufs} de tout le Japon. Et franchement t'as la gueule du type qui s'dit: Putain j'ai trop faim. Sans le putain peut-être cela dit. Alors...

Je haussai les épaules, l'air de dire " C'est logique que tu viennes bouffer avec moi" et descendit les marches en deux enjambées. Lorsque j'entrai dans le lieu, c'était super calme. Il n'y avait pas un chat, si ce n'est un couple d'anglais dans un coin, en train de flirter. L'amour n'a pas d'heure ne dit on pas ? Ben, mon géant vert, était derrière le bar, à rincer et ranger des verres. Je jette le sac sur la table ronde qui me sert en général de quartier général avec les autres et m'avance vers celui qui me regarde maintenant avec un point d'interrogation planant dans les yeux.

-C'est pas mon sac. Va pas t’imaginer que j'ai repris les cours ou je ne sais encore quelle connerie digne de l'esprit de Kyle.

D'ailleurs, l'est oú ? Il me dit une clope !
Je n'avais pas même laissé au géant le temps de l’ouvrir. Il ne m'avait rien dit et j'avais débité d'une traite, sans respirer entre chaque mot, le tout en anglais. Et excusez moi du peu, un anglais mêlé au dialecte texan. Et tout ce que monsieur trouve a dire.

-Tu les prend au berceau Key ?

Il me l'a coupée. Je me tourne vers Kaname et me rend compte qu'en effet, il fait super jeune. Mais je n'ai rien fait de plus que lui rendre son sac. J'avais envie de dire lui retrouver son sac, mais la vérité serait plutôt "Aider le sac a retrouver son propriétaire"

-Mais ta gueule >> et fais nous des œufs comme tu sais le faire.

Benni hocha de la tête et se rendit dans la cuisine, pendant que je m'installai, pied sur la table, dans une chaise. Il faisait bon frais dans le caveau qui servait de bar et au dehors, la pluie avait repris. C'était une bonne chose donc qu'on soit entré ici. Mon sixième sens ?

-Fais comme chez toi Kaname.

Ouais. J'adore ce prénom.