"Hommes ou femmes...pas d'importance.
Car le sexe à ça de bien,
C'est qu'il n'en possède pas."

Ce matin, c'est le même que celui d'hier et que celui d'avant hier. Celui de demain sera tout aussi identique et d'ailleurs, cela fait maintenant bientôt 10 ans que tous les matins se ressemblent. Ce n'est pas une simple question de logique, la logique même qui veut qu'un arbre soit un arbre et reste un arbre. Un tronc des feuilles et touti quanti. Non. Là, le matin, c'est pareil parce que JE l'ai décidé. Oui. Cela fait parti des Abytudes. C'est ainsi que j'ai appeler les choses et événements qui sont identiques. Mes Abytudes. Ce qui fait que je passe pour bizarre aux yeux des autres.
Mais je ne vais pas étaler ma vie maintenant. Donc bon. Ce matin est alors le même que la veille. Debout aux aurores, toujours avant que le Soleil ne soit totalement levé, après une nuit de sommeil bercé par le même rêve. Un rêve qui reste inchangé depuis que j'ai 5 ans, si ce n'est que dans mon rêve, la petite fille devient femme et vieillit avec moi. Ce rêve qui restera inchangé, car faisant partit des Abytudes de mon subconscient. Je me lève alors, m'étirant de la même manière que la veille et que tous les jours depuis que je suis en âge de dormir sans doudou, ce doudou tout racorni, ce vieux corbeaux qui a perdu un œil et la couleur ébène de son bec, mais que j'ai gardé sur ma commode, j'extirpe ce corps qui me suit depuis trop longtemps pour que j'aie à m'en plaindre. Lui et moi, maintenant, c'est une question de confiance. Il promet de rester inchangé le plus longtemps possible, afin de ne pas perturber le bon fonctionnement des Abytudes et moi, je promet de ne pas le priver de ce qu'il aime. A savoir...le sexe. Malgré moi, malgré ce que je suis et resterai, les seuls rares moments d'égarements et de changement se font lors d'échange de fluides corporels. C'est charmant dit ainsi, mais c'est comme ça que je vois les choses. Faites-en ce que vous voulez.
Lorsque mon corps est en dehors du lit, un enchainement de choses se suivent alors. Toujours de la même manière et ce, à la minute près.
Je me rend dans la salle de bain. Me pèse. Si j'ai pris un gramme, je fais tout pour le perdre dans l'heure. Satisfaite de voir la balance afficher toujours le même chiffre, sachant que peut-être elle est cassée depuis longtemps, je me mesure. Si j'ai pris un centimètre, le perdre serait étrange, je marcherai un peu plus courbé et mettrai des chaussures plates. Mais non. Je mesure toujours un mètre septante et c'est tant mieux. C'est tout ce que je demandais. Je me lave les dents, me douche et enfile des sous-vêtements noirs et mon costard noir. J'en ai des tas et des tas de costume d'homme de ce genre. J'aime beaucoup la couleur. Si vous permettez l'ironie. Je retourne à la chambre et je brosse ma tignasse de jais avant de faire le lit. Avec une rigueur quasi militaire. Pas un pli n'est visible alors. On pourrait croire que ma chambre a été abandonnée tout en restant entretenue. Je déteste le désordre. Ensuite, lorsque toutes ces petites corvées matinales sont terminées, je me rend dans la salon. Je regarde la pendule égrené ses secondes pendant une demi-heure, après avoir déjeuner et lu un chapitre du bouquin de médecine légale que j'ai entrepris de déchiffrer. Ce qui n'est pas compliqué, car je suis un génie. Ou préféreriez vous le terme d'enfant prodige ou surdouée. C'est en tout cas ainsi que m'ont nommée les rares médecins n'ayant pas opté pour le suicide ou la retraite anticipée après avoir tenté de trouver le pourquoi de Aby.
S'ensuit un petit planning de la journée, car une fois à l'extérieur, c'est le seul moment où je me permet de faire des incartade par rapport aux Abytudes. Satisfaite du programme, je remplis un sac noir d'affaire pour le bain et sort de la maison. De la même manière que d'habitude. J'enfile mes chaussettes blanches, vérifie que ma cravate est bien fixée, le nœud parfait, enfila ma veste de costard par dessus la chemise blanche, vérifie les rides que je n'ai de toute manière pas et sort en claquant la porte, tourne la clé dans la serrure et me dirige vers l'arrêt de bus.

Je n'aime pas les bus. C'est bondé et je sais que si un accident se produit, je serais obligée de mourir en compagnie de personne que je ne connais pas et dont je ne soupçonnais pas l'existence. Je me verrais aussi obligée de partager mes fluides corporels dans un joyeux bain de sang avec de parfaits inconnus, ce qui serait à proprement parler, dégoûtant et peu plaisant.
Je soupir tout en me pressant contre ceux qui sont déjà dans le véhicule, faisant fi des regards en coin. C'est toujours ainsi. Les gens ne savent pas quoi faire. Fille ou garçon ? Certains se lancent des paris, mais moi je me contente de sourire lorsque l'on me pose la question. quelle importance pour eux de savoir ? Si je suis une femme on me pelote ? Si je suis un mec on m'évite ?
Enfin mon arrêt. Je sort tranquillement, ne jetant aucun regard sur les personnes qui m'entourent, les yeux mi-clos rivé droit devant moi et vide d'expression. Le Rotenburô. Lieu de choix pour ceux aimant la détente et pour qui le fait de se laisser aller dans une eau emplie des peaux mortes d'autres personnes ne dérangera pas.Oh. Bien entendu, peu de gens voient les choses ainsi et heureusement. Car autrement, plus personne ne fréquenterait ce lieu, encore moins les japonais, peu friand des échanges de poils et autres nids à bactéries.
J'entre, salue poliment le personnel de l'établissement et me dirige tout naturellement vers le vestiaire pour homme. On ne m'arrête pas en route, donc on me prend pour ce que je ne suis pas. Ce qui n'est pas plus mal à dire vrai, retire mon costume en le mettant à un cintre que j'ai pris avec moi. J'accroche le tout dans le petit casier et enfile un costume de bain masculin, la poitrine nue. Je n'ai pas énormément de seins, ce qui me va parfaitement et qui restera inchangé.
Mes deux petites boules fermes et qui tiennent en main n'ont jamais dérangé les hommes avec qui j'ai eu des échanges. Alors tout est parfait. Je me glisse vers le bain homme, ne voulant pas partager un moment de détente entre les jacassements féminins.
Je ne fais pas vraiment attention à la personne présente et elle n'a pas l'air de faire non plus très attention à mon arrivée. Je me glisse alors lentement dans l'eau chaude en fermant les yeux et gémissant doucement de bien être. Mon corps fins d'albâtre se meut lentement dans le liquide voilé par une légère fumée et je posa mes bras sur le bord, la tête posée sur mes mains. Que je suis bien...
Espérons juste que l'autre ne fasse pas trop attention à ma poitrine et mon manque de forme masculine...

Douce et lente plongée vers les terres méconnues du calme. Enfin. C'est ce que je croyais. Un sursaut me prit lorsque j'entendis une voix. Je ne m'y attendais pas. Je sais, il était là à mon arrivé, hors donc, j'aurais dû le saluer. C'était humain que de rendre les politesses, d'entamer une conversation, s'excuser de peut-être déranger la personne dans sa potentielle méditation...
Malheureusement, être humaine c'est au-dessus de mes forces. Je suis Aby et c'est déjà beaucoup. Ne m'en demandez pas trop.
Je me contente donc de soupirer longuement. Laissant planer un silence qui était un silence "gênant" pour certains, naturels pour moi.
J'avoue ne pas être une personne très bavarde. Mais je dois dire que je ne suis pas non plus quelqu'un de silencieux. Je m'avance donc en articulant un "bonjour" propre à moi. Neutre, d'une voix légèrement rauque, comme cassée. J'avance encore. Je n'aime pas ne pas voir la personne qui me parle. Car j'ai alors l'impression d'être en train de parler seule ou à mon écho et...je veux bien être une personne flippante, bizarre et tout ce qui va avec, mais je ne suis pas encore folle. Du moins, je le pense sincèrement.
Mon regard se pose alors sur...un jeune homme. Je l'avais deviné à la voix, mais là je pouvais confirmer, bien que je ne puisse voir grand chose de sa personne. J'ai beau ne pas être très grande, mes tétons dardent juste un peu au-dessus de l'eau, ce qui ne me dérange pas plus que cela. Une poitrine reste une poitrine. On ne dit pas à un homme qu'il est vulgaire lorsqu'il s met à torse nu. Alors je ne vois pas pourquoi on me le dirait à moi. L'égalité des sexes, je suis totalement pour !
Arrivé à sa hauteur, j'avise le haut de son visage et tente un sourire. Ce qui s'apparente à un miracle de ma part, mais je suis d'humeur joviale ce matin. Si le fait de ne pas penser à des cadavres signifient être "Joviale ou joyeux". Je me gratta l'arrière de la tête et toussote. C'est que c'est presque gênant en fait. De me retrouver en face de lui. Je pensais être seule en venant et donc je n'avais pas inscrit cette petite rencontre dans mes Abytudes. J'aurais du noter en bas de la liste "Préparer une potentielle rencontre", mais cela ne m'était pas venu à l'esprit dans la seconde même où j'ai noté tout ça. Tant pis. Se sera pour une autre fois.

-Est-ce que la petite tête flottante à un nom ?

Han ! Tu sympathises ? Toi ? ABY !
Et oui. Une fois n'est pas coutume, je décide de rendre ce moment un temps soit peu agréable. Après tout, c'est pas le bout du monde. Et puis on dit que l'Être humain à besoin de gens pour survivre. Des autres donc. De parler et tout ça tout ça. Perso' j'y crois pas, mais peut-être que le jeune homme si. Je m'écarte un peu de son champ de vision directe et vais m'adosser contre le bord, en diagonale de sa personne. Enfin. Son dixième de personne. Il n'a pas l'air très bavard. Je dis ça je dis rien.

-Je suis Aby.

C'est tout ce que je trouve à dire pour palier le petit silence qui s'est posé entre ma question et la réponse qui ne vient pas. Peut-être que je l'effraie. Peut-être qu'il est en train de dormir avec les yeux ouverts...peut-être, ce qui est moins probable, il est mort. Se serait glauque mais tellement étrange et nouveau de pouvoir dire: " Je me suis baignée avec un mort. Ce fut agréable et reposant".
Tu m'étonnes. Plus reposant pour les nerfs qu'un être qui n'en à plus, c'est plus que le summum du calme. On peut se permettre de l'engueuler, de ne rien dire, il ne s'en offusquera pas. Je reposai l'arrière de ma tête sur le bord, les yeux levés vers le ciel dégagé, mais paraissant gris sous les volutes de fumées qui montaient de la source. C'était une atmosphère étrange qui planait. Devant le silence du jeune homme, j'en vint à me demander si ce n'était pas du à la gêne. Est-ce que je me serais trompée et serais entrée dans les bains mixtes ? Peu probable...il s'y serait attendu non ? A ce qu'une femme n'entre. Ou alors...je suis chez les femmes et sa gêne est en fait due au fait qu'il pense que se soit lui qui c'est trompé.
Dilemme...quand tu nous tiens.

Spoiler:

-Sasuke...

C'était con de répéter un prénom, mais cela faisait partie des Abytudes. C'est comme ça et pas autrement. Je l'avais dit, le nez levé au ciel, toujours, les yeux mi-clos, la bouche en cul de poule, vous me passerez l'expression, les deux mains posées sur mon ventre couvert par l'eau. Bien entendu, j'aurais pu me contenter de hocher la tête, de sourire ou je sais pas quoi, mais le fait d'avoir déjà esquisser un sourire auparavant était quelque chose d'extra-ordinaire et les miracles ne se produisent que rarement deux fois de suite. J'avais donc une expression assez neutre lorsque je relevai la tête. Il me semblait l'avoir entendu marmonner quelque chose. "bain""homme" et un tas d'autres mots qui devaient probablement former une phrase entière et logique, mais que je n'avais malheureusement pas totalement saisie.
Je dû faire fonctionner mes neurones, qui heureusement était loin d'être de pauvres petites larves et par suite logique, remis la phrase en place dans son contexte. D'accord, cela me pris quand même une dizaine de seconde, ce qui avait à nouveau laissé planer un silence gênant pour le commun des mortels mais heureux pour moi, avant que je ne réponde.

-Mmm mince. Je pensais que j'étais bien chez les hommes...apparemment, nous sommes deux à nous être trompé.

J'aurais pu dire "merde", mais il était rare que j'use de ce genre de vocabulaire. D'ailleurs, il ne me semble pas avoir un jour usé d'un langage châtié, cela ne faisant pas partie de mes Abytudes. Je préfère placé les bons mots au bon moment, ce qui donne plus d'impact à la chose. Pourquoi usé de la parole lorsqu'on n'a rien à dire, c'est une question que je me pose depuis que je suis en âge de parler et de comprendre la portée du langage. On peut se faire tellement blessant par de simples lettres collées l'une à l'autre.
Ce n'est que maintenant que je me rends compte de ma phrase. J'ai donc avoué avoir délibérément opté pour le lieu au masculin. Il va me prendre pour une femme à homme, du genre à avoir milles amants. Ce qui est faux. Bien que j'avoue ne pas être indifférente aux plaisirs de la chaire qui sont, osons l'avouer, un péché plus que mignon dans mon cas. Pourquoi s'en cacher. Les gens trouvent cela choquant de dire tout haut nos envies. Et pourtant. On ne se fait pas taper sur les doigts et fiché lorsque l'on dit "Je veux manger du gâteau" alors pourquoi est-ce le cas lorsque l'on ose les mots tel que "sexe" "baiser" "penis" et j'en passe ? ne sont-ils pas dans le dictionnaire ? Ne sont-ils donc, par conséquent, pas fait pour être dit ? Une fois encore, tout cela me dépasse. Je ne fais pas partie de ceux qui se cachent. Alors pardonnez d'avance la suite des propos que je pourrais avoir.

Je décollai mon corps du bord et nageai un peu jusqu'à Sasuke. J'avais envie d'en savoir d'avantage sur lui. Je vous sens...perfide et vicieux, à vous demander pourquoi je m'intéresse à quelque chose de vivant, moi qui aime tant ce qui est mort. On me connait plongée dans mes bouquins morbides et scientifiques. On me sait socialement inapte à me faire des amis. Les psy ont même été jusqu'à dire que j'étais mentalement dérangé et que je serais amenée un jour peut-être, si le suicide ne vient pas faire barrage avec ma vie, à devenir comme ces dangereux psychopathes qui tuent parce qu'ils ont eu une vie triste ou trop joyeuse. Qu'un jour moi aussi je ferai la une des journaux pour avoir tuer mon voisin à coup de marteau pour une histoire de plate-bande.
Mais sachez une chose. les psy se croient érudits parce qu'ils ont eu un diplôme. Mais ils n'ont pas l'intelligence de faire la différence entre une fille cynique et un dangereux pervers dérangé. Je ne serais jamais amenée à tuer, simplement parce que je n'aime pas provoquer la mort des autres ou encore la mienne. C'est à elle seule, maîtresse de toute notre vie, de décider quand sera venu le moment. Elle et moi on est amie depuis que je lui ai demandé cette faveur...alors jeune Sasuke, il ne faut pas t'en faire. Je ne mords pas...ou alors seulement si on m'y oblige ou qu'on me le demande gentiment...

-Si ma présence te gêne. Je peux toujours rejoindre le bain que j'étais censée et que je pensais réellement avoir choisi...

Han. Tu es même aimable !
Oui bon. Faut pas pousser. Je ne suis pas si méchante. En fait, je ne suis pas méchante du tout et ne l'ai jamais été. Je fais juste partie d'une rare poignée de personne qui prennent les choses comme elles viennent et qui se posent trop de question sur la vie pour la vivre pleinement. Mais ne soyez pas bête. Comment aimez la vie alors que vous adulez la mort ? Et puis quoi...
De toute manière, je suis juste insensible à la miséricorde humaine. Cela ne fait pas de moi un être sadique et tout. Si ?

Quoi qu'il en soit, j'avais usé d'une voix assez neutre, toujours la même que d'habitude. Légèrement cassée, mais en somme, plutôt douce.

Étrangeté que la nature humaine. Le jeun homme semblait peu enclin à la discutions et moi je me préparai à rebrousser chemin afin de me rendre de l'autre côté, dans le bain des hommes. Certes, je passerais pour le Marie couche-toi là que je ne suis pas, mais peu importe. Les gens pensent ce qu'ils veulent. Pour moi, c'est une simple question de commodité. Je déteste tout bonnement et simplement les autres filles. Elles sont futiles, stupides et naïves. Après il y a pire, il y a celles qui font les semblants d'être naïve. Qu'est-ce qu'elles peuvent bien trouver de bon de passer pour une victime ?
"Bouuuh je suis orpheline. Ma mère adoptive est malade. Mon beau père me touche... bouuuh" une seule réponse, t'as cas te suicider. Va trouver la mort. Elle seule est fidèle et le restera à jamais. Les autres auront beau tenté de la séduire, la faire venir plus vite ou plus tard, si elle décide que c'est le moment ou que ça ne l'est pas, elle seule à un droit sur vous. Pauvres sottes. La mort te fait peur mais tu n'aime pas ta vie. Il faut savoir...

Ha ? Ma présence ne le dérange pas ? Et pourtant, je sens ce malaise que j'aime tant créer chez les gens. Je le sens tellement puissamment que c'en est presque jouissif. Étrange Sasuke. Tu es mal, mais tu ne veux pas que je parte. Que cache-tu dans ce crâne bouillonnant. De la crainte ? Du désir ?
Du désir...se serait vraiment bizarre comme réaction. Moi même, je ne sais pas si je serais capable de désiré une personne telle que moi. Mais après tout...Lorsque son corps s'écrase presque violemment contre le mien, que je vacille quelques secondes avant de me rendre compte que ses lèvres violent les mienne, je ne réagis pas. Après tout, qu'aurais-je bien pu faire ? Moi, Aby, qui passe sont temps à tout calculer, je n'avais pas prévu la chose. Je fais quoi ? Le frappe ? L'insulte ? Le repousse ?
Rien de tout cela. Je le vois déjà partir. Il me fuit. Il fuit ma réaction. Je sais bien que j'aurais dû au moins rougir, mais j'en suis incapable. La gêne ne fait pas partie de mon vocabulaire. Et puis...j'aime sa manière d'embrasser.
Ses lèvres qui bougent et me disent quelque chose. S'en aller ? Pas après ce que tu viens de faire. Pas comme ça. Alors que tu as osé faire la chose la plus impulsive qui soit. Assume...et crois moi, je vais te faire assumer.

Sans un mot, ma main se rabat sur son bras, mes doigts squelettiques et chauds serrent sa peau, mes ongles se plantent lentement dans sa chaire. J'aime trop cette sensation de contrôle. De l'autre main, je replace une mèche derrière mon oreille. C'est désagréable. Mes cheveux sont trempés, collants, non seulement à cause de la chaleur et de la sueur, mais aussi à cause de l'humidité. Je fais un dernier pas, qui me permet d'être proche de lui. Je n'ai toujours rien dit. Je me contente de le regarder, ce regard vide que tant de gens détestent. J'entrouvre les lèvres et passe ma langue dessus. Il y a encore un arrière goût de dentifrice et un autre dont je ne connais pas la source, mais dont je connait le propriétaire.
Je n'ai pas beaucoup de force, mais je parviens à le tirer contre moi, ma poitrine allant s'écraser contre son torse. Je sens cette respiration perturbée, tout comme l'animal traqué. Je sens les rebonds de son cœur dans sa poitrine. De souvenir, il ne me semble pas que le mien ait battu, ne serait-ce qu'une fois aussi vite. Il m'arrive parfois de me demander s'il bat tout court.
Mes lèvres proches des siennes, je n'ai toujours rien dit. Son souffle est chaud et vient s'écraser contre ma bouche pleine et pulpeuse, carmine de nature. Je souris et entrouvre encore un peu plus les lèvres. Son haleine est un mélange sucré et légèrement frais. Je ferme les yeux. Ma main, telle la serre, le retiens toujours.
Mon autre main, elle, est posée à plat sur son torse.

-Va-t'en si c'est ce que tu veux...

Mes lèvres pincent alors la sienne, l'inférieure, tirant doucement dessus, je relâche ce morceau de chaire après avoir jouer ainsi avec, ma langue vient titiller la commissure de cette bouche qui à tant fait pour nous rapprocher d'un seul coup.

-...mais tu regretteras amèrement de ne pas avoir profiter de la situation.

Je capture ses lèvres, lui offrant un vrai baiser cette fois. Mes lèvres s'entrouvrent et ma langue va à la rencontre de la sienne. Douce et sucrée, caressante...tout en douceur, je laisse mes pulsions dans un coin. Il ne faut pas m'en vouloir. Je n'ai plus eu de rapports humains depuis si longtemps. Mes doigts posés sur son torse se replie lentement et mes ongles marquent légèrement cette peau humide, tandis que l'autre lâche son bras, allant se nicher sur sa nuque. S'il veut partir, qu'il s'en aille. Mais dans ce cas, je lui en voudrais toute ma vie de m'avoir tenter et de ne pas avoir su assumer ses actes.

Moi qui pensait qu'il allait s'en aller, fuir cet endroit et cette fille bizarre que je suis...
Il faut dire que je ne pensais pas attirer qui que se soit avec mon bas de maillot d'homme. Ce short noir, sans forme, qui ne met pas en valeur mes fesses et fait un peu plus encore ressortir la couleur cadavérique de ma peau.
Mais non. Il ne fuit pas. Au contraire. Lorsque je sentis le mur contre mon dos, je frémis, à cause du choc et de la légère douleur qui s'était emparée de ma colonne. Une douleur électrique, désagréable, mais plus ou moins excitante. Je crois que j'ai même laissé sortir de mes lèvres un gémissement soudain et inattendu. Ses lèvres chaudes et humides contre la peau de mon cou me font frissonner. C'est si agréable. J'avais oublié quel effet cela faisait d'avoir le corps d'un homme contre le sien. Mes tétons durcis par le plaisir contre la peau de son torse. Je ne savais même plus quel effet cela avait sur mon corps. Ce corps délaissé depuis si longtemps et dont même moi je ne m'occupais plus vraiment. Ce qu'il dit, je ne l'écoutai qu'à moitié, relevant la tête, afin de lui offrir un peu plus ma peau. L'humidité que je ressentais était-elle due au plaisir, ou à l'eau ? Peut-être un peu des deux. Sasuke savait y faire. Ses mains qui parcouraient ma cuisse était si désirable, que je me surpris à me mordre la lèvre inférieure, chose que je ne faisais que rarement malgré l'épaisseur de celle-ci.
Je collai un peu mieux mon bassin au sien, les remous de l'eau me faisant balloter légèrement, tandis que je crispai mes mains dans ses cheveux, maltraitant quelque peu son cuir chevelu de mes ongles. C'était si bon, que je ne voulais pas qu'il arrête.
Ce qu'il fit, au profit d'un nouveau baiser plus sauvage, durant lequel je ne desserrais pas mes doigts de sa tête. La phrase qui suivit me fit sourire en coin, sourire que je dût effacer lorsqu'il me souleva pour me plaquer durement, à nouveau, contre la paroi.
Mon dos émit un petit claquement, mais cela ne fit qu'accentuer le plaisir qui montait en moi lentement. Les yeux clos, je laissai l'eau me faire bouger doucement, ressentant alors son vit à travers le tissu de nos maillots, contre mon intimité imberbe.
Je gémit de plus belle et ouvrit les yeux, les plongeant dans les siens.

-Chut...contente-toi donc...de profiter...

Ma voix avait été si sensuelle, que j'en frémis moi-même. Je le regardais, lui avait les yeux clos. J'en profitai pour observer son visage, ses expressions. Certains, comme lui apparemment, trouvait cela plus excitant de ne pas voir et de se contenter de ressentir les choses. Mais moi je fais partie des rares personnes qui aime le faire la lumière allumée. Qui aime voir en plus d'entendre leur partenaire. Je tirai alors sur sa tignasse, le forçant ainsi à basculer la tête en arrière, tandis que mes dents immaculées allèrent se planter dans sa chaire. Je le marquai férocement. Le pauvre. Il était tombé sur une adepte de la douleur dans le plaisir. Mes dents qui parcouraient sa peau douce se firent moins brusques, plus joueuses, tandis que je suçotais sa chaire lentement. Ma langue, de temps à autre, sortait et léchait tout son long ce cou, remontant à son oreille pour lui infliger le même traitement. Je lâchai ensuite ses cheveux, me donnant un élan qui me fit à nouveau gémir par le frottement de son sexe contre le mien et je plaquai mes lèvres entrouvertes sur les siennes, happant sa bouche pour l'embrasser avec une fougue téméraire.
Mes doigts lâchèrent alors sa chevelure et glissèrent le long de sa nuque, allant se planter dans son dos, le lacérant à demi. Je les fis encore descendre un peu, jusque sur ses fesses, que j'enserrai de mes doigts, le pressant un peu plus contre moi, qui sentais ce mur frais écraser mon échine.
Je me cambrai doucement, afin d'amenuiser la douleur et de renforcer le plaisir de le sentir entre mes cuisses.

J'avais finalement bien fait de prévoir un saut au Rotenburô...

L'Uchiwa n'avait véritablement plus aucune raison de se préoccuper du consentement de celle qu'il avait plaquée quelques secondes auparavant contre la paroi de pierres. Celle-ci d'ailleurs faisait doucement entendre que ce n'était pas déplaisant, poussant le jeune homme à frotter le bas de son corps contre celui de la prénommée Aby. Ses cheveux avaient beau être tirés, le lycéen s'en fichait, prenant plaisir d'ailleurs à avoir mal, ne rendant ses pulsions que plus plus fortes. Les idées fusaient dans la tête brune du jeune homme, qui eu une réponse à sa question, qui n'avait maintenant plus aucun sens, la suite des évènements étant la seule chose qui comptait à ses yeux.

"Chut...contente-toi donc...de profiter..."

Il s'était peut-être trompé sur le sens de ses paroles, sentant une morsure dans son cou, douloureuse. Un gémissement de douleur sortit des lèvres du brun, qui avait froncé ses sourcils à l'instant même où les dents de sa compagne d'un jour étaient entrées en contact avec sa peau, ce qui n'empêchait en rien le fait qu'il savourait la moindre douleur, le moindre contact des lèvres de la jeune femme, qui mimait exactement les mêmes choses qu'elle avait enduré, ajoutant un parcours avec sa langue, qui allait du cou à l'oreille du jeune homme, qui ne ressentait maintenant ni gêne, ni peur. L'Uchiwa souffrait, des ongles semblaient déchirer sa peau, du dos jusqu'en dessous de celui-ci, alors que les frottements perduraient, accompagnés de baisers fougueux, qu'il savourait à chaque seconde passée collé à celle avec qui il voulait passer un peu de bon temps.

"Et merde..." avait-il prononcé doucement, entendant des pas silencieux se rapprocher. Ils n'étaient donc plus seuls, ce qui le dérangeait quelque peu, continuant pourtant cet agréable mouvement de bassin qui lui procurait quelques frissons. Il revenait à la réalité, celle qui faisait qu'ils allaient devoir arrêter de s'amuser l'un avec l'autre, faisant glisser ses mains vers la taille de la jeune femme aux lèvres exquises, la laissant poser ses pieds à terre délicatement. Celui qui voulait devenir chirurgien ouvrit les yeux, lentement, pour croiser une fois de plus ceux de celle à qui il proposerait bien de continuer, mais ailleurs.

"Je peux t'inviter... Ailleurs?"

Où était ce ailleurs, qu'il avait laissé entendre avec une arrière pensée? Lui-même n'en savait trop rien, volant à nouveau un baiser passionné à celle qui avait réveillé quelques pensées obscènes chez l'Uchiwa.

Spoiler:

J'aurais bien dévorer ce pauvre Sasuke. Ma jouissance contre son corps inerte et plein de sang. Putain ce que je suis glauque. Je me fais peur à moi-même parfois...c'est dire.
J'étais vraiment bien là, plaquée entre la chaleur de son corps et la fraîcheur rigide du mur d'enceinte. C'était agréable et bien plus encore. Sans être non plus à damné un saint ou qui que se soit d'ailleurs. Mmm il ne fallait pas m'en vouloir. Jamais rassasiée, je voyais dans le sexe une sorte de drogue me permettant de m'évader quelques heures des aléas de la vie et autres conneries de ce genre. Et si ce Sasuke dont je ne connaissais rien si ce n'était son nom, pouvait m'apporter ce dont j'avais besoin, alors autant en user. Agréable moment passer en sa compagnie. Avait-il quelqu'un dans sa vie ? Une femme, un chien, ou même une plante verte ? Peu importe. Mes mains, mes ongles, se délectaient de ses chaires et de son sang. Mes lèvres goûtaient à cette peau au grain si particulier, son parfum, je le humais. Chaque être humain à une odeur bien distincte. C'est ainsi que l'on remarquera que même si dix personnes portent le même parfum et des vêtements de la même lessive, aucun d'eux n'aura la même odeur. Chaque être est différent. C'est probablement une des choses qui me dérangeaient le plus chez les gens. Le fait que l'on soit tous si différent. Je ne pouvais décemment pas avoir une vie totalement rangée avec ce genre de personne autour de moi.

Lorsque je l'entendis souffler le juron, je me suis dit : Quoi ? T'as éjaculer ?
J'aurais été profondément déçue et dégouter. Je ne suis pas ce genre de fille à trouver cela mignon, que de voir un garçon rougir et s'excuser platement d'être venu si vite. Non. J'étais plus du genre à le regarder et lui dire qu'il ne servait à rien et le laisser en plan avec son désarroi et sa honte. Mais fort heureusement, mon ouïe me permettait de sentir la présence. Mon ouïe en plus de ce que j'appelle l'Abysens. Une sorte de sixième sens qui me permettait de ressentir les présences avant même qu'elle ne se dévoile. C'est une des particularités qui faisaient peur à mes parents et qui les ont poussés à bout. Car j'arrivais, avant même de le voir, de juger qui était présent. La manière de marcher se percevait dans le bruit de pas. Sa personnalité dans son odeur. Muské = homme à femme, fruité = femme ou homme asexué etc. La vie nous offre une palette de signes que peu de gens parviennent à interpréter.

"Je peux t'inviter... Ailleurs?"

Je le regardai alors...ce regard vide, loin de la Aby chaude de tout à l'heure. Je haussai les épaules et le poussai gentiment en me hissant hors du bain.

-On se retrouve dehors...

Je me mordis la lèvre inférieure et pénétrai dans le vestiaire, me séchant longuement en tamponnant mon corps encore marqué de son parfum. Moi-même, je n'ai pas d'odeur corporelle. Vous savez, un peu comme Grenouille. Dans "Le parfum" Pas d'odeur personnelle...les chiens et chats et autres être dotés de la faculté de sentir, ne savaient jamais lorsque j'étais dans le coin. C'était étrange mais c'était comme ça. Je ne savais pas pourquoi et n'avais jamais réellement cherché à dire vrai.
Je retirai le bas de maillot de bain et le laissai un instant sécher, pendant que j'enfilai un shorty noir et un soutiens-gorge de même couleur. Je mis mes chaussettes noires, mon pantalon de costard d'homme et boutonnai ma chemise avant de nouer la cravate qui allait de paire avec. Vint ensuite la veste de costard à la coupe si particulière et je pliai mon linge ainsi que mon caleçon que je mis soigneusement dans un petit cornet afin de ne pas tremper le reste des mes affaires. J'avais horreur quand c'était désordonné.
Une fois tout remis à sa place, je sortis et allai me mettre dehors, laissant le vent qui se levait caressait ma peau clair et faire voleter les mèches ébènes de ma chevelure.
Beaucoup de gens me qualifient de brune. Mais c'est faux. Une fois encore, je fais partie de la catégorie assez rare de noiraude. Des reflets bleutés parsèment cette chevelure, preuve qu'ils sont noirs corbeaux.

Je dépose mon sac à mes pieds et m'adosse contre le mur, attendant patiemment, les yeux clos, la respiration lente. Peut-être me fera t'il faux bond ? Après tout...certains ont peur lorsque cela commence à devenir trop sérieux.