Je m'étais rendu compte, hier, que je ne connaissais de Konoha les seules salles de classe dans lesquelles je me rendait pour les cours.

Cela fait un bon mois que je suis arrivé dans cette école, et à défaut d'avoir du rattraper mon niveau de japonais pour pouvoir survivre pendant les cours, je n'ai pas trouvé le temps de visiter les locaux.

Ce soir, alors que j'avais du temps libre, je décidai de visiter le complexe sportif du lycée, mais seul le dojô était encore ouvert à cette heure-là. Il y avait de la lumière qui s'échappait de la porte négligemment laissée entrouverte et je me décidais d'entrer pour voir qui il y avait.

Mais il était seul, un garçon avec des cheveux attaché, mais pas devant, je me demande comment il fait pour supporter de faire du sport avec la vue à moitié bouchée comme ça. IL se baissa pour boire dans une bouteille et me remarqua enfin. Il me dévisagea longuement, avec une tête super sérieuse. Je me demandais si j'avais quelque chose qui jouait pas, genre le slip par dessus le pantalon, ou une méga tâche de ketchup sur le t-shirt...ah, nan, ça va, l'est propre...

Il s'approcha alors de moi en faisait de grand geste et me donnant une feuille d'inscription pour le club de kendo, d'où est-ce qu'il sort que je veux faire ça, lui?

Il m'amena alors dans les vestiaires et me sortit l'uniforme de kendo, j'essayai de le mettre, mais tout ces trucs qui partent un peu partout et même pas d'informations pour dire dans quel sens ça va, c'est n'importe nawak! >_< Je resors donc du vestiaire à moitié vêtu pour le chercher à m'aider à sortir de ce truc.

" Argh, aide-moi! Je vais finir mort asphyxié!! "

Finissant d'enfiler le haut je remarquai que ce Ritsu parlait beaucoup. Il avait l'air pourtant si sérieux et taciturne en s'acharnant à répéter inlassablement les mêmes mouvements, frappant à rompre sur ce petit bout de bois avec son bâton. Pauvre petit bâton. Les japonais sont quand même singuliers.

Je ne vois vraiment pas l'intérêt de répéter pendant des heures le même mouvement. Endormant.
Et le voilà qui m'observe avec son regard ténébreux et toute la classe qui pouvait émaner d'un type de son statut. Pour venir ensuite me débiter tout un flot de paroles incompréhensible. Pire qu'une fille. Le mythe du type idéal masculin qui se cassait au fur et à mesure qu'il perdait pied dans ses paroles confuses.

Voilà. c'est la première impression qu'il m'a donné. Et je vois pas pourquoi j'aurais à lui rendre une meilleure. Mais non. C'est pas que je l'aime pas, mais il me donne envie de le taquiner. Tiens, il a fini de parler, je vais pouvoir essayer de lui dire un ou deux mots.

"Je m'appelle Elio Shunsûke, et oui, c'est vrai, je viens d'Amérique, j'ai emménagé y'a pas longtemps."

Je me baissais pour prendre un des ces "bâtons" cherchant le bon sens pour le saisir. Jonglant avec, m'étonnant de sa légèreté pour ensuite frapper à plusieurs endroits le tronc, que j'avais vu encaisser les coups précédemment. Encore une fois, je ne put m'empêcher de d'admirer la détermination japonaise, parce qu'au bout de trois coups, ça me gonflait déjà, moi, ce petit exercice.

Pendant que je m'affairais à recopier les gestes et positions qu'avait pris Ritsu, je sentais son regard rivé sur moi. Qu'est-ce qu'il y avait encore? Et, de nouveau, c'était son regard sombre et consternant qu'il utilisait pour me détailler. Quand je m'emmêlais dans les pans du pantalon, je me laissai tomber à terre, abandonnant.

"Qu'est-ce qu'il y a? J'ai fait quelque chose de mal?" Nan, parce que j'ai l'impression que tu me fixe avec un mauvais œil depuis tout à l'heure..."

-"Je m'appelle Elio Shunsûke, et oui, c'est vrai, je viens d'Amérique, j'ai emménagé y'a pas longtemps."

Ritsu resta tout d'abord silencieux aux paroles d'Elio. Les yeux dans le vague, il ne prêtait plus aucune attention aux gestes désordonnés que son partenaire effectuait avec plus ou moins de grâce. Il venait en effet de remarquer les nombreuses cicatrices qui parsemaient le corps de ce dernier. Soucieux, il ne pu s'empêcher de penser qu'il n'y avait que deux possibilités à ces marques :
1. Elio, excessivement maladroit, se les faisait tout seul.
2. Quelqu'un d'autre lui avait infligé ces blessures.

Malheureusement, songea-t-il, la deuxième proposition restait de loin la plus probable.
*Encore que...* ne pensa-t-il sarcastiquement, cela faisait à peine quelques minutes qu'il l'avait rencontré et pourtant, il sentait déjà que le jeune homme n'était pas en reste en ce qui concernait le taux de conner.... pardon, de maladresse.

Malgré tout il ne pouvait se départir de l'anxiété qui s'était emparée de lui. Qu'avait donc pu faire Elio pour en arriver à se battre si violemment? Qui plus est de nombreuses fois et, il était prêt à le parier, au risque de sa vie?

Il fut soudainement tiré de ses réflexions par le jeune homme qui l'interrogeait.

- « Qu'est-ce qu'il y a? J'ai fait quelque chose de mal? Nan, parce que j'ai l'impression que tu me fixe avec un mauvais œil depuis tout à l'heure...

- Hn? Non, pas du tout... Enfin... »

Refoulant sa curiosité et les questions qui le tenaillaient, le jeune kendoka, aida le novice à se relever et passa derrière lui, de sorte à pouvoir lui tenir les mains. Puis il lui fit effectuer quelques mouvements précis, tout en tenant fermement ses mains entre les siennes.

[b]- « Voilà, c'est comme ça qu'il faut faire. Essaie d'être un peu plus stable sur tes jambes. Contracte tes muscles lorsque tu frappes. Si c'était moi qui prenait le coup, tu dois pouvoir me briser les os en une seule fois. Ou, au pire, me paralyser le temps de pouvoir m'achever. »[/i]

Étonnamment, Ritsu pu constater que son corps collé contre celui du jeune homme ne le dérangeait pas tant que ça.
*Moi qui déteste le contact des autres en général..*
Il n'en était pas gêné, en effet cela lui semblait agréable, presque naturel.

Ritsu ne répondit pas. Qu’aurait-il pu dire ? Rien. Evidemment, il crevait d’envie de le prendre dans ses bras, de lui dire que tout irait bien, qu’il le protégerait…

Mais il n’en avait pas le courage, pas la force, encore moins le droit. Et surtout il sentait que ce la ne plairait pas à Elio.

A l’idée des souffrances que le jeune homme avait pu endurer, le kendoka sentit son regard se voiler da tristesse. Il pouvait sentir dans sa propre chair la douleur des coups de couteau, les vagues d’une douleur intense parcourir tout son être. Pourquoi était-il aussi sensible à la douleur d’un autre ? Ritsu n’en savait rien, c’était la première fois qu’il réagissait ainsi.



Sans un mot, il tendit tendrement sa main droite vers le visage d’Elio, caressa du bout des doigts sa joue. Ses yeux sombres étaient fixés dans ceux de son interlocuteur, visiblement étonné pas son comportement. A vrai dire, le jeune japonais aurait bien était en peine de trouver une explication logique à ses gestes. Lui-même était surpris de ses propres sentiments, de son comportement sans queue ni tête.



- « Pardon… Je ne sais pas ce que je fais… »



Le jeune kendoka se sentit rougir.

*Quel con… Il du tout deviner maintenant… Rhaaa, j’aurais pas pu me taire, moi aussi ?!*

Il s’imaginait très bien, rouge, tremblant presque, ses doigts frôlant la joue de son partenaire. *Mon dieu ,que je dois avoir l’air con… Mais pitié, pitié, qu’il fasse quelque chose, n’importe quoi, mais qu’il ne me laisse pas comme ça !*

Encore
une fois, il gardait le silence, se contentant de m’observer. Il continua de
fixer ma cicatrice un long moment. Et, semblant à nouveau maître de ses
mouvements, remonta lentement sa main à mon visage et caressait du bout des
doigts ma joue. Pendant un instant, je gardai ma bouche ouverte, analysant la
situation à toute vitesse avant de dire quoi que ce soit. Déjà, ce qui était
sûr, c’est que le petit Ritsu n’était pas malade, c’était pire… Je ne pus
m’empêcher de soupirer intérieurement, comment lui dire que je n’étais pas ce
genre de personne ? Je ne me sentais pas prêt à assumer ce genre de
relation, pas tout de suite…Mais,… Mais pourquoi est-ce que je pense aussi
loin ?!! Peut-être simplement qu’il était une personne très soucieuse,
ou,… ou ! Je sais pas moi ! Je me perdais de plus en plus dans mes
pensée quand soudain il dit :





« -
« Pardon… Je ne sais pas ce que je fais… »





Tu ne
sais pas ce que tu fais ?! Qu’est-ce qu’il a lui ? Me dites pas qu’il
a eu un coup de foudre ! J’ai rien demandé moi !! Surtout qu’au début
il me prenait pour un con, j’y crois pas ! Pourquoi je panique autant
d’abord ?? Ouhla,..bon respire …caaalme… >_<


Je
plongeai mon regard sur celui qui était alors rivé sur moi . Ritsu était
globalement pas mal, vraiment pas mal même. Ses cheveux qui entouraient son
visage à moitié collés par la sueur mettaient en avant la couleur de ses yeux,
étonnamment verts pour un japonais. Son corps à première vue élancé se révélait
robuste et finement musclé sous l’effort. Et, il y avait les traits fins de sa
bouche, juste dessous son regard, qui tremblaient légèrement après avoir
prononcé ces mots, Elles étaient légèrement rougies, un peu comme le reste de
son visage, d’ailleurs. Dans cette position, je ne pus m’empêcher de penser
qu’il était « mignon » le kendoka qui voulait m’apprendre
comment achever une personne en deux coups… sans m’en rendre compte, je passai
ma main sous son menton pour lever son visage et caressait du pouce sa lèvre
inférieure.


Mon
visage se pencha tout seul vers ses lèvres, curieux de savoir quels goûts elles
avaient, et mes paupières se fermèrent machinalement pour empêcher à mon cerveau
de se rendre compte de ce que je faisais. Doucement, mon souffle se rapprochait
du sien, frôlant doucement son visage. Et mes lèvres partirent à la recherches
des siennes…

TILT! La machine se remet en marche. Au moment même où Ritsu passa ses mains dans ma chevelure, au moment où je sentis son corps se rapprocher du mien, où je compris que je venais VRAIMENT de l'embrasser...!!
Premier réflexe, m'écarter et observer les dégâts de loin. M'excuser pendant qu'on y est. Avec une fille, j'aurais été plus sûr de moi, mais là c'est un mec, un japonais qui plus est, qui fait du kendo, et donc s'il respecte le code de l'homme purement japonais, il est exclusivement et uniquement HéTéRO! >_<'

"Aargh, merde excuse-moi! Je,..pff j'ai fait une connerie, j'sais pas c'qu'il m'a pris >__<' J'comprends que tu veuilles plus t'approcher de moi où je ne sais quoi!! "

Ritsu m'observa en silence m'excuser comme un idiot avec une tête de deterré, puis lentement son regard se baissa, comme un enfant honteux. Je calmai mon débit d'excuses au même rythme que sa tête se penchait vers le sol. Je crois que j'ai vraiment fait une connerie. Sûr que si ça se savait, sa réputation en pâtirait. On a beau dire ce qu'on veux des homos, ils sont toujours et encore rejetés de la société, de notre société. Et qu'importe que le kendoka ne le soit pas pour de vrai, le fait est qu'il a embrassé un homme, et qu'a cause de cet homme, il doit sûrement ressentir le pire déshonore de tout sa vie. Ce type, c'est moi, et je me ferais bien seppuku, tiens.
Je m'approchais lentement de lui pour lui prendre une mèche de cheveux.

"Je vais partir, je pense que ce serait mieux, faire comme si rien s'était passé...."

Je me retournai lentement, me dirigeant vers les couloirs pour remettre mes vêtements habituels. Arrivé au cadre de la porte, je sentis une force contraire me faire basculer en arrière. Je me retournai juste avant de trébucher et me retrouvai nez-à-nez avec Ritsu, me présentant une mine à demi-affolée. En l'observant, je me projetai alors mentalement la scène précédente, etme souvins qu'il n'avait pas eu l'air de me rejeter, au contraire... En plus...

"Hey! Mais t'avais pas essayé de mettre la langue?!!!"

Il ouvrit grand les yeux et la bouche peut-être pour articuler des mots qui ne sortirent pas, et ensuite river son regard sur ses pieds.
Et pour une fois, tout devint clair, et un petit sourire en coin se dessina sur ma bouche. Je posa ma main sur son visage et le caressa du pouce en l'observant. Mignon, ce mot me revint en tête encore une fois. Et cette fois j'avançais mon visage en sachant parfaitement quoi faire, ce à quoi il répondit de suite en passant ses bras autour de mon cou. Ce Ritsu n'embrassait pas si mal,... mhh, peut-être un peu trop impatient,...

Hnn? Trop vite ça oui! Il avait donc l'intention d'aller jusque là?! On se connait depuis 30min, et on n'a pas échangé plus de trois mots!!
C'est pas parce que ce Ritsu était particulièrement séduisant (Alors, heureuse? 8DD) que c'était une raison valable pour le faire! >__<

Il me mordilla un peu fort dans le cou, juste au dessus d'une cicatrice que j'aurais voulu oublier, la laisser se noyer dans les flots du passé... Lentement, même si je me forçais à ne pas y penser, la douleur revint et la brûlure que j'avais ressentie à ce moment réduisait en cendre l'étendue de mes sensations au niveau de la nuque. Je me détachai de l'étreinte de Ritsu et posai machinalement une main sur mon cou. C'est là qu'il me souffla cette question, pendant que je m'écartai. Maintenant c'est moi le pauvre petit japonais qui se sent incapable de soutenir une telle relation,...

"Excuse-moi,... mais, t'es sûr de ce que tu fais? On se connait à peine depuis une demi-heure, alors je pense que oui, on va trop vite."

Je frottai mon cou pendant que la sensation de brûlure consumait douloureusement ma peau, et restait accoudé au cadre de la porte. Il vaut mieux ne pas s'approcher de moi quand de vieilles blessures reviennent à la lumière du jour. Je sais que ce que je dis blesse ce pauvre gars. Mais je l'ai dit, je suis incapable de répondre à ses attentes. Je n'ai aucun bons souvenirs de mes relations avec le même sexe. Et ceux-ci remontaient à la surface en même temps que cette cicatrice bouillonnait de plus en plus fort. Pourquoi lui? Pourquoi moi? Pourquoi maintenant et ici? A croire que le destin aimait bien s'acharner sur moi et me traîner dans la poussière, me regarder me relever misérablement et faire semblant d'avancer sans que le passé ne sois un fardeau.

Je pouvais être blessant dans ces moments, mes mots tranchants, mes répliques sans issus, je pouvais être autant blessant que les souvenirs qui remontaient et déchiraient ce qu'il me restait d'entrain pouvaient l'être. Mieux vaut se taire donc. Mettre un terme à cette histoire qui ne sera qu'une relation d'une nuit.

Je posai mon regard sur Ritsu. Lui qui avait l'air d'être un garçon bien, je ne voulais pas qu'il vive ce genre de chose. L'histoire d'une nuit, le sentiment d'avoir été un jouet jeté comme une vieille chaussette. Ces choses si amers qui vous détruisent, combien même on possède un esprit fort, le moral, et puis lentement, comme un poison, le cœur. Un poison qui vous endolorit toutes les extrémités pour ensuite atteindre le centre, quand celui-ci n'a plus rien pour se défendre et l'attend avec une certaine résolution triste à en mourir. Même si, au fond, je ne voulais pas quitter le jeune homme, on avait emprunter la mauvaise voie, pris l'autoroute passant au dessus de notre destination. S'il fallait trouver un moyen pour rester ensemble, c'était de tout recommencer, je sais pas moi, mais parler, oui, commencer par parler c'était bien,... je me laissai donc glisser le long du cadre pour me retrouver assis appuyé contre.

" Parlons. Je veux te connaître, désolé si je suis un peu trop vieux jeu, mais je couche pas avec le premier venu ^^"

Je l'écoutais attentivement, complètement stupéfait d'entendre quelqu'un se livrer aussi facilement. Tout autant ses qualités que ses défauts étaient exposés dans son histoire. Il ne cherchait pas à se mettre en avant, ni cacher la petite bête noire que l'on porte tous en soi. Je compris donc que ce Ritsu était une personne responsable de ses actes. Il les aurait sûrement assumés si je l'avais laissé faire. Mais je ne regrette pas, je préfère savoir à qui j'ai affaire avant d'entamer toute chose.

Bien sûr son sous-entendu était clair comme de l'eau de roche. J'avais presque de la peine à ne pouvoir être plus clair sur ce que je ressens moi-même en ce moment. Je posai mes mains sur mes genoux, appuyai mon menton dessus, et le couvai du regard pendant qu'il finissais son histoire et se révélait lui-même monstrueux dans ces actes. Ce qui faisait de lui une personne digne de confiance, ne se mentant pas à elle-même. Il me demanda d'enchaîner, mais je gardai le silence quelques instants. J'avais beaucoup plus de mal à trouver mes mots, qui plus est, dans une langue auquel je ne suis pas encore habitué. Par quoi commencer? Que raconter? Devais-je me dévoiler tout entier comme venait de le faire le jeune noiraud? La douleur qui s'était évaporé superficiellement n'attendait plus que je remue ce genre de souvenirs pour revenir me torturer. Pas question.

"Bien,...Je viens d'Amérique, mais d'où précisément, je ne pourrais pas te dire, puisque j'ai passé ma vie dans tout le pays, sans jamais rester à un endroit plus de trois mois. Avant je m'appelais Eliott Mcamahon, mais je préfère Elio et j'ai repris le nom de ma mère après son divorce, comme elle est japonaise, elle est retournée dans son pays et je l'ai suivi. ça doit faire quatre mois maintenant. Et,... je n'avais pas particulièrement d'amis là-bas, sachant que je repartirai tôt ou tard, je ne cherchais pas vraiment à créer des liens avec les gens qui m'entouraient..."

Voilà, en gros c'était ça, ma vie. Morne, d'une certaine façon monotone, et grise. Seuls les visages changeaient quand on devenait habitué à voir les paysages défiler. Que raconter de plus? Peut-être ma famille, la survoler, ce n'est pas comme si elle était importante.

"Mon père et mon frère sont restés aux Etats-Uni. Tout ce qu'il y a à dire sur ces deux c'est qu'ils sont de gros enculés. Mon père a trompé ma mère, rien de bien impressionnant, et mon frère, une ordure de la pire espèce. Drogue, vol, trafic en tout genre, meurtre, il a touché à tout et en est fier. Mais le fait est que c'est mon grand-frère, alors, ne t'imagine pas que la pomme soit tombé loin du pommier. Je suis certainement une enflure aussi. D'ailleurs j'ai fait un an et demi de prison, enfin, une maison de correction, mais on m'a trouvé le pire trou de tout le pays, donc ça revient au même, si ce n'est pire. ça remonte à huit mois, entre temps ma mère a rencontré un autre homme et est tombé enceinte, j'ai donc une demi-sœur de trois ans, et on est parti peu de temps après ma sortie."

Failli, j'y étais à un cheveu. C'est bon, ça commence à faire moins mal. La cicatrise a compris que je n'irais pas plus loin dans mon passé aujourd'hui. Pourtant j'y repense souvent. ça doit être le fait d'avoir Ritsu à mes côtés qui ravive cette douleur. En temps normal, j'aurais pu en parler facilement. J'aurais pu en rire même. L'histoire d'un pauvre gosse qui se débattait dans la merde comme il pouvait. L'histoire de touts les gosses des cités d'Amérique, quoi. Mon souffle se calma un peu et je soupirai mentalement. je pouvais enfin faire la part des choses.

" Pour avant, je sais que je t'ai un peu rejeté brusquement, c'est juste, ...enfaite j'aime pas trop qu'on touche à mon cou, désolé,... ça n'a rien à voir avec toi, c'est pas parce que je t'aime pas ou quoi que ce soit,... ça fait juste encore mal..."

Je laissais ma main endolorie à force de rentrer les ongles dans ma peau, retomber de ma nuque, faisant apparaître la marque encore rouge et bouillonnante.

Ritsu se détestait. Il était incapable de tenir une conversation plus ou moins normale avec Elio sans penser à... à tout ça. A ce désir qui le torturait. N'y avait-il donc que cela qui comptait? Le corps aurait-il donc définitivement gagné sur l'esprit?

Evidemment, il avait écouté assidûment l'histoire de l'Américain. Evidemment, il serait capable de la réciter par coeur.
Mais il ne pouvait se cacher de n'avoir, durant tout le récit du jeune homme, désiré qu'une seul chose : le faire taire, de préférence en utilisant sa propre bouche.

Le jeune kendoka se mordit de nouveau la lèvre, faisant couler une goutte de sang qui roula jusqu'à son cou.
Etait-il donc si faible? Si soumis à ses pulsions?

Soudain, il se vit presque avec horreur se rapprocher de son partenaire et poser une main sur son épaule.
Il ne contrôlait même plus son propre corps.
Un désespoir intense se lisait dans ses yeux. Il penchait lentement sa tête ves celle d'Elio lorsqu'il s'entendit murmurer :

- Que... que m'as-tu fait?

Tremblant presque, il se sentit poser sa bouche sur la sienne. L'autre lui parût surpris au départ, puis il lui répondit répondit en lui tenant doucement les bras.

Ritsu espéra qu'il avait compris le message qu'il avait vainement tenté de lui faire passer.
Car bien sur qu'il n'y était pour rien, le pauvre gars. Et c'était bien le jeune japonais qui s'était monté un ilm tout seul. A croire qu'il était en manque, tiens. Mais il n'avait pas à l'ennuyer avec ses histoires, il l'avait déjà assez embêté comme ça.
Mettant fin à leur baiser, le jeune kendoka posa un regard d'une infinie tristesse sur le jeune occidental, et lui chuchota :

- Pardon... Vraiment, excuse.moi de t'avoir ennuyé de la sorte. Je... je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Si tu m'en veux, ,je comprendrai et... vu tout ce que je t'ai fait subir, je... je suis ton éternel débiteur.
Simplement pour l'instant je...

Ne pouvant aller plus loin, Ritsu se releva et adresse un dernier regard au jeune homme abasourdi.

- Pour l'instant, reprit-il enfin, je me sans incapable de... de me retenir, ni d'avoir deux pensées logiques en ta présence.

Puis, s'inclinant :

- Mon comportement a été de la plus grande impolitesse et j'en conserverai à jamais le déshonneur. Je t'implore de pardonner à mes erreurs, si grandes furent-elles.
Je te jure de ne plus jamais apparaître devant toi, ni de souiller don environnement de ma présence.

Enfin, il se détourna, fuyant la réaction de l'américain, et se dirigea vers la sortie du dojô.

- Adieu...